La Birmanie à un point de non-retour
Le coup d’État de février de l’armée mène le pays tout droit vers le chaos. Au cours des quatre derniers mois, les manifestations et les grèves se sont poursuivies malgré le meurtre de plus de 800 personnes et l’arrestation de près de 5 000 autres.
Le 1er avril, les députés élus de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, ainsi que les dirigeants d’autres partis et organisations politiques, ont déclaré un « gouvernement d’unité nationale » pour contester l’autorité de la junte militaire récemment établie. En avril et en mai, alors que les combats s’intensifiaient entre la junte et les armées des minorités ethniques, une nouvelle génération de combattants pro-démocratie a attaqué des positions militaires et des bureaux administratifs dans tout le pays.
La junte pourrait consolider partiellement son pouvoir au cours de l’année à venir, mais la soif de démocratie et d’équité est trop grande pour le peuple birman. Les défis économiques et sociaux urgents en Birmanie sont trop complexes et l’animosité envers l’armée est désormais irréversible. Dans le même temps, les partisans de la démocratie n’ont pour l’instant pas les moyens d’asséner un coup fatal à la junte. Incontestablement, le peuple birman a besoin de soutien de la communauté internationale.
Un projet de résolution à l’Assemblée
Dans ce contexte, j’ai déposé un projet de résolution à l’Assemblée nationale. Par le vote de cette résolution, l’Assemblée nationale affirmerait solennellement sa position en soutien à la population birmane victime d’une grave atteinte et régression de l’ensemble de ses droits acquis au cours de la transition démocratique amorcée depuis 2010.
Le cercle vicieux du jade
Alors que le financement de la junte est l’une des clefs pour la mettre hors d’état de nuire, l’ONG Global Witness fait de nouvelles révélations quant au commerce du jade. En effet, selon l’ONG, les militaires et les groupes armés du Myanmar ont resserré leur emprise sur ce commerce lucratif, alors même que le précédent gouvernement civil s’efforçait de réformer le secteur. Ce que l’ONG nous révèle dans son rapport, c’est que le coup d’État menace d’aggraver encore les conflits et la corruption liés au jade
Ce rapport montre comment les efforts du gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) pour réformer une industrie en panne ont été contrés par l’armée birmane et d’autres acteurs armés impliqués dans le secteur. Ces dernières années, la corruption et la contrebande n’ont fait qu’augmenter, de même que l’exploitation minière illégale de plus en plus dangereuse.
Le rapport donne des informations intéressantes sur l’impact du coup d’État sur l’industrie du jade. Celui-ci a déjà déclenché une vague de violence dans les régions minières de Birmanie, soulignant le lien entre le jade et le conflit. Le commerce du jade risque également de devenir une source de financement encore plus importante pour le Tatmadaw, qui contrôle désormais la gouvernance du secteur.
Pour en savoir plus : https://bit.ly/3wcT3Pf