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Fin de vie : accompagner mieux, décider avec prudence

À partir du 12 mai 2025, l’Assemblée nationale entamera l’examen de deux textes majeurs sur la fin de vie. En tant que députée et médecin, je tiens à partager ma position, car ce débat ne touche pas seulement à la loi, mais au cœur même de notre humanité.

Un projet de loi en deux volets

 Les soins d’accompagnement et les soins palliatifs

Le projet prévoit la création de « maisons d’accompagnement », des structures intermédiaires entre le domicile et l’hôpital. Il élargit aussi la notion de soins palliatifs à des soins plus globaux : soutien psychologique, accompagnement nutritionnel, musicothérapie… Un plan personnalisé d’accompagnement sera proposé à chaque patient, et les directives anticipées pourront être enregistrées numériquement. 

L’aide à mourir

Le texte ouvre un droit à l’aide à mourir pour les patients majeurs atteints d’une maladie grave et incurable, avec un pronostic vital engagé et des souffrances réfractaires. La substance létale pourra être auto-administrée ou administrée par un professionnel, sous conditions strictes. Une clause de conscience est prévue pour les soignants.

Mon engagement pour des soins palliatifs renforcés

Je suis fermement engagée en faveur du développement des soins palliatifs. Pas seulement à la fin de vie, mais tout au long de la vie. Car accompagner, c’est écouter, soulager, entourer — pas seulement anticiper la mort. Je veux rappeler - en tant que médecin - que la notion de « fin de vie » est relative. Même face à un diagnostic grave, la vie peut encore surprendre. Il faut avant tout renforcer l’application de la loi Claeys-Leonetti et déployer des équipes mobiles, des unités à domicile, et garantir un accès équitable aux soins palliatifs pour tous. 

Mes réserves sur l'aide à mourir 

 Je suis très réservée sur l’instauration d’un droit à l’aide à mourir. Les risques de dérives sont réels. Aucune loi, aussi bien rédigée soit-elle, ne peut encadrer l’intime, la détresse, ni les changements de volonté à la dernière minute. Je refuse que notre société banalise un geste aussi grave et irréversible. Il faut aussi garantir à chacun la possibilité de changer d’avis jusqu’au tout dernier moment, sans pression sociale ni médicale.

S’inspirer de l’étranger, mais inventer un modèle français

 Certains pays comme la Belgique, les Pays-Bas ou le Canada ont légiféré sur l’euthanasie ou le suicide assisté. Mais la France doit trouver sa propre voie, fidèle à ses valeurs républicaines et à son pacte de solidarité. Avant de légiférer sur la mort, il faut assurer à tous une prise en charge digne, humaine et accessible.

Accompagner mieux

Avant de légiférer sur l’aide à mourir, je crois essentiel de mieux appliquer les lois existantes, notamment la loi Claeys-Leonetti, qui permet déjà la sédation profonde et continue pour les patients en souffrance insupportable. Nous devons doubler les moyens des soins palliatifs, déployer des équipes mobiles, améliorer l’accès à domicile. Car aujourd’hui, trop de Français n’ont pas accès à ces accompagnements pourtant prévus par la loi. C’est en renforçant l’humanité de notre système de santé, que nous répondrons véritablement aux angoisses des patients et de leurs familles. Je resterai pleinement mobilisée pour défendre une approche équilibrée, responsable et profondément humaine.