Quel que soit leur bord, les responsables politiques ont un devoir impératif : celui de respecter la loi. C’est le fondement même de notre démocratie. Ils ont aussi une obligation d’exemplarité. À cela s’ajoute le respect indispensable de l’indépendance de la justice, qui constitue le pilier de toute démocratie vivante.

Ceux qui dénoncent aujourd’hui un prétendu "gouvernement des juges" attisent une dérive dangereuse. Ce discours n’est pas anodin : il trace une ligne de fracture politique nette — celle entre les défenseurs de l’État de droit et ceux qui s’en affranchissent.
D’un côté, il y a celles et ceux qui croient en la séparation des pouvoirs, en l’égalité de tous devant la loi. De l’autre, ceux qui pensent qu’un élu serait intouchable, au-dessus des règles communes. Ceux-là rêvent d’une démocratie à la carte, où le suffrage dispenserait de toute responsabilité.

Je le refuse.

Ce n’est pas la République. Ce n’est pas la démocratie. Ce n’est pas la France.

La condamnation de Marine Le Pen n’est ni une surprise, ni une injustice. C’est l’application normale du droit. La justice l’a déclarée coupable de faits graves : un système organisé de détournement de fonds publics pendant plus d’une décennie. Un "enrichissement partisan", dit le Tribunal. Et parce que la loi est la même pour tous, elle est déclarée inéligible.

C’est l’honneur d’une démocratie mature que de pouvoir condamner ses élus, même les plus puissants, lorsqu’ils violent la loi. La moralisation de la vie politique n’est pas un luxe : c’est une exigence républicaine, un progrès démocratique.

Ce n’est pas, pour autant, la fin du RN. D'une part, Mme Le Pen et les autres condamnés peuvent faire appel. D'autre part, le parti pourra présenter un candidat à la présidentielle. Le déni de démocratie est une manipulation politique, une diversion. Rappelons que Mme Le Pen a été battue trois fois à l’élection présidentielle. Et que le Rassemblement national, qu'une caste politico-médiatique envoyait déjà à Matignon en juillet 2024, a été clairement rejeté par les Français il y a moins d’un an.

Mme Le Pen n’est pas empêchée par la justice. Elle est rattrapée par ses actes. Et s’il fallait encore s’en convaincre, son plan B a un nom : Bardella. Et son plan C, plus dangereux encore : organiser le chaos par des manifestations et pourquoi pas une nouvelle censure du gouvernement.

Dans ce moment crucial, je veux m’adresser à la majorité silencieuse. À celles et ceux qui ne vocifèrent ni dans les micros, ni dans les éditos sans boussole. Ceux qui croient en la République. Qui croient à une égalité réelle, à des droits et à des devoirs, à une justice qui ne cède ni à la peur, ni aux puissants. Ceux qui ne veulent pas d’un pouvoir faible avec les forts, fort avec les faibles. Ils veulent une République juste.

Et qu’on ne s’y trompe pas : cette clarification politique ne se fait pas seule. Elle résonne avec les alliés idéologiques de l’extrême droite : Poutine, Orban, Salvini, Musk, Bannon. Tous ceux qui rêvent de sociétés autoritaires, brutales, inégalitaires, où l’on muselle la presse, écrase les opposants et méprise les plus vulnérables.

Cette extrême droite-là n’est pas l’avenir. Elle est un danger.

A l'heure où notre démocatie est attaquée de toutes parts, rien n’est jamais acquis : ni la démocratie, ni la liberté, ni la justice.

Notre responsabilité est claire : respecter la décision de justice. Et surtout, continuer le combat démocratique. Au Parlement, comme dans les urnes.

Parce que la loi est la même pour tous.

Parce que nul n’est au-dessus des lois.

Parce que la République mérite qu’on la défende.