Madame la ministre, chère Elisabeth,
Monsieur le ministre délégué, cher Philippe Baptiste,
Monsieur le ministre délégué, cher Alexandre,
Mesdames les directrices et messieurs les directeurs d’administrations centrales,
Chers personnels de ce beau ministère, Chers amis,
Voici donc venu le moment de passer le relai. Je ne partirai pas dans des envolées lyriques sur l’école, son bienfondé, son importance, son rôle, ses objectifs, ni sur la promesse républicaine de l’école que chacun ici connaît parfaitement et a à cœur de défendre avec force et sincérité, je n’en doute pas un instant. Aujourd’hui, au moment de passer le relai, je voudrais prendre le temps de remercier celles et ceux qui font vivre l’École de la République.
D’abord, remercier nos professeurs. J’aimerais vous dire comme tant avant moi : « vous exercez le plus beau des métiers du monde ». Seulement voilà : combien de fois ai-je entendu cette déclaration ? Combien de fois l’avons-nous entendue ? Tout le monde le dit. Mais au fond, combien le mesurent ? Combien vous respectent pour cela ? Combien vous en savent gré ? Bien peu. Trop peu. La réalité est que vous êtes injustement contestés, la réalité est que vous exercez un métier trop critiqué, et souvent par ceux-là même qui ne l’ont jamais exercé. Et vous exercez ce métier dans une très grande, trop grande solitude, je l’avais déjà souligné ici même il y a tout juste 3 mois. J’aurais voulu mener avec vous cet indispensable et ambitieux chantier du retour à l’autorité statutaire de l’enseignant, cette autorité qui devrait être évidente, celle conférée par votre statut, pas par votre comportement. Il y a là une urgence. Oui ! combien réalisent que votre métier force le respect ? Que votre métier, c’est celui qui rend tous les autres métiers possibles. Alors merci du fond du cœur, chers professeurs, pour votre patience à construire encore et encore, année après année, pour votre engagement sans relâche, pour ce que vous donnez de vous-même à notre jeunesse, pour cette mission que vous portez avec tant de noblesse.
Je veux également saluer les personnels de direction, les accompagnants d’élèves en situation de handicap, les assistants d’éducation, les conseillers principaux d’éducation, les psychologues de l’Education nationale, les personnels de santé, les personnels techniques et administratifs, les corps d’inspection, les rectrices et les recteurs et l’ensemble de leurs équipes. A vous qui êtes les chevilles ouvrières de notre service public de l’éducation, Merci pour votre travail quotidien, difficile, engagé, dévoué, mais dont le sens parfois, à coup d’injonctions contradictoires et de demandes empilées, vous échappe, je l’ai souvent observé, mesuré.
Je veux également saluer les équipes du Ministère, l’ensemble des administrations centrales pas aussi nombreuses que les récits fantasmés le prétendent, les différents secrétariats avec un hommage appuyé à Adeline, Agnès et Nora, l’intendance, le bureau des cabinets, les chauffeurs, les services de sécurité, notre photographe, Vous êtes le socle technique, juridique, social sur lequel est bâti notre service public de l’éducation, Merci pour votre travail à la fois essentiel et injustement mal compris de nos concitoyens. Vous pourrez compter, chère Elisabeth, sur l’engagement et la loyauté sans faille de toutes les équipes de l’Education nationale.
Mais sur une note plus personnelle, je veux saluer bien sûr l’ensemble de mon cabinet qui n’a jamais compté ses heures pour porter nos ambitions, pour incarner nos convictions, pour affirmer nos orientations, pour défendre la priorité du Président de la République : notre Ecole de la République. Vous êtes le ciment politique de notre service public de l’éducation. Sans vous, l’action d’aucun Ministre ne serait possible et le ministère flotterait, illisible.
Je veux enfin exprimer mon infinie gratitude au Président de la République, au Premier ministre Michel Barnier et au Président Gabriel Attal qui m’ont fait confiance et ont toujours soutenu mes projets dans ce ministère clé de voûte de l’avenir de notre pays.
Madame la ministre, chère Elisabeth, Vous prenez aujourd’hui la tête d’un ministère en ordre de marche, fort des réformes engagées et des transformations amorcées. En prenant mes fonctions en septembre dernier, j’avais fixé trois priorités et une méthode. Les 3 priorités étaient : - Elever le niveau de tous les élèves. - Rétablir l’ordre dans nos écoles. - Et remettre de l’humain à tous les étages de l’Education nationale. Ces priorités sont désormais pleinement engagées. Ma méthode, c’est l’écoute, l’humilité, le respect et l’encouragement à innover ensemble. Cette méthode est maintenant posée. Ces dernières semaines, le ministère s’est doté d’un plan de continuité budgétaire pour aborder avec sérieux et sérénité l’année 2025. À travers vous, c’est une promesse de continuité qui, j’en suis sûre, se concrétisera. Les professeurs, les élèves, leur famille ont besoin de perspectives claires, d’une vision partagée et d’un cap fermement maintenu. Avec, en ligne de mire, cet objectif fondamental pour tous les républicains : rétablir la confiance des Français dans leur Ecole.
Depuis 2017, nous avons posé les fondements de ce renouveau. Nous avons renforcé l’exigence pour élever le niveau de tous les élèves. Nous avons aussi voulu rétablir le mérite et le travail pour transmettre à nos élèves une idée simple : La réussite, ça se mérite. La persévérance fait la différence. Et c’est bien le travail qui permet cela, qui permet de grandir, de s’émanciper. Travail, persévérance, exigence, ces mots clés qui remettront l’ascenseur scolaire en marche. Mais pour que cela soit possible, il faut que toute la société soutienne notre Ecole. Que toute la société respecte l’autorité de notre Ecole. Et je le dis très calmement mais très fermement : en République, on ne conteste pas l’Ecole, on ne s’attaque pas à l’Ecole, on la soutient, on la protège, on la défend. Je sais, chère Elisabeth, que vous serez la garante de cette ambition. Une ambition portée donc depuis 7 ans par notre parti politique commun et que j’ai tenu à accélérer ces 3 derniers mois car je savais qu’il me fallait agir vite.
En voici les grandes lignes : Cette année, nous avons préparé une réforme essentielle pour la formation initiale de nos professeurs. Pour changer leurs règles d’affectation, aussi, en les rendant plus justes et plus humaines. Nous avons commencé à rétablir l’ordre et la discipline dans les salles de classe et dans les cours d’école. Travail de longue haleine qu’il faudra poursuivre avec fermeté et détermination. Nous avons élaboré – enfin ! – un programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité. Programme indispensable pour éduquer notre jeunesse au respect, à l’égalité. Au consentement. Le consentement. Un principe au cœur de notre lutte contre toutes les violences sexistes et sexuelles. J’y tiens tout particulièrement. Programme nécessaire aussi pour que cette éducation soit assurée par l’Ecole et par les parents plutôt que par les sites pornographiques. Tel est un des enjeux majeurs de ce programme qui est désormais à votre disposition dans une forme que j’ai travaillée pour qu’elle ne prête à aucune critique, à aucune remise en question et puisse être publiée le plus rapidement possible. Nous avons également poursuivi une lutte implacable contre le harcèlement qui est enfin devenu une priorité absolue pour l’Etat et pour ce ministère. Je tiens à rappeler ici qu’en France, dans notre pays, presque deux élèves par classe sont harcelés à l’Ecole. Cela représente un million d’élèves en souffrance parmi nos douze millions d’élèves ! Un million qui viennent à l’école la boule au ventre. C’est un million de trop. Entendons-les ! Il est du devoir des adultes d’écouter, de protéger ces enfants et de libérer leur parole. C’est une lutte qui m’est chère. L’Ecole doit être exemplaire pour faire reculer le harcèlement, C’est ainsi que nous ferons progresser la société. Je sais pouvoir compter sur vous, chère Elisabeth , pour poursuivre ce combat.
Enfin, nous avons défendu sans relâche la laïcité dans nos écoles et protégé nos professeurs face à toutes les menaces et toutes les menaces de censure. Je le dis : la France ne sera jamais une terre de censure. La France ne sera jamais un pays où l’on masque les caricatures. La France sera toujours un pays fait de consciences libres et d’esprits critiques. Alors à tous les professeurs de France : soyez fiers, continuez à exercer votre métier la tête haute et l’esprit libre.
Ces réformes, ces mesures et ces orientations, si vous en décidez Madame la Ministre, pourront se déployer rapidement et changer le visage de notre Ecole.
Néanmoins, chère Elisabeth, je voudrais vous alerter sur un point : si je devais résumer ces 3 mois de travail pour notre école, je dirais « l’élastique est tendu ; attention à ne surtout pas tirer dessus » car notre école reste fragile. Disons-le. Notre Ecole est malade. Malade de ses inégalités. Malade de l’entrisme et du laissez-faire qui ont trop longtemps prospéré. Malade du trop d’écrans et du « mal d’écrans » qui ont envahi nos vies et le cerveau de nos enfants. Malade du « pas de vague », dont la tentation funeste torpille à intervalles réguliers la nécessaire sérénité de nos personnels enseignants et éducatifs. Malade de politiques qui ont trop longtemps préféré abaisser l’exigence plutôt qu’élever le niveau. Malade aussi d’avoir un système de santé à l’école bien trop faible. Ce sont là autant de combats indispensables et urgents pour redresser notre Ecole, pour apaiser le climat scolaire et garantir sécurité et sérénité de tous. Pour que notre Ecole demeure, selon le mot de Jean Zay « cet asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas ».
Tous ces chantiers, tous ces combats, je suis convaincue, Madame la Ministre, que vous aurez à cœur de les poursuivre et d’en ouvrir de nouveaux. Car les Français comptent sur nous. Les Français comptent sur vous. Parce qu’ils comptent sur l’École. Madame la Ministre, Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs, Alors que je m'apprête à ouvrir un nouveau chapitre de ma vie politique à l'Assemblée nationale et à contribuer à la construction de la France de demain aux côtés de Gabriel Attal, je garde précieusement en mémoire les nombreux écoliers et lycéens qui ont eu la gentillesse de m'accueillir dans leurs établissements, leurs professeurs qui ont eu la patience et la passion de me présenter et m’expliquer leurs projets, leurs réussites mais aussi leurs doutes, les chefs d’établissements qui ont partagé avec moi les défis et les ambitions de leurs communautés scolaires. Leur enthousiasme et leur curiosité aux uns et aux autres m'ont insufflé une énergie immense, et je veux leur dire toute ma gratitude.
Grâce à eux, grâce à vous, je suis fière de ce que nous avons accompli ensemble et je porterai gravée en moi cette conviction profonde : c’est par l’École que nous rendrons tous les destins possibles. C’est par l’École que la République triomphera. Et au moment de quitter ce ministère, je veux dire ma confiance, Madame la ministre dans l’avenir que vous continuerez à bâtir.
Pour ma part, je continuerai, hors de ces murs, à soutenir notre École et la République de toutes mes forces. Nous ne sommes que de passage, mais les valeurs et les combats que nous portons, eux, perdureront. Représentante de la Nation, j’y veillerai. Je vous adresse donc, madame la Ministre, chère Elisabeth, mes sincères et plus chaleureux vœux de réussite pour notre Ecole. Je vous remercie.