Présenté en Conseil des Ministres le 24 janvier, le projet de loi instituant un système universel de retraite sera en discussion à l’Assemblée nationale courant février. Voici toutes les informations pour comprendre la réforme et ses conséquences pour les Français à l’étranger.
Pour bien comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette réforme des retraites, je voudrais revenir sur l’origine de cette réforme.
Notre système de retraites doit répondre à de multiple questions. Celles-ci avaient été mises sur la table par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle : « Comment seront nous efficaces pour ne laisser personne au bord de la route ? Comment pouvons-nous être sûrs que chacun trouve sa place dans une société profondément différente de celle d’hier ? Alors que le monde du travail s’est considérablement morcelé, en une multitude de situations, d’emplois, de contrats, alors que les parcours professionnels sont moins linéaires, notre système social ne parvient plus à corriger les inégalités voire les alimente »[1]. C’est de ce questionnement que le système universel de retraites par point est né.
Un système qui ne répond plus au besoin
Notre système de retraite a rempli sa mission pendant plus d’un demi-siècle en permettant d’améliorer considérablement le niveau de vie de nos aînés. Toutefois, pour préserver ce modèle social que de nombreux pays nous envient, nous devons repenser notre système de retraite. Il fait face aujourd’hui à des défis de court terme comme son financement mais aussi à des enjeux structurels qui fragilisent la justice sociale et créent une incertitude au détriment des plus jeunes.
Force est de constater que notre système est devenu illisible, injuste et inefficace. On dénombre 42 régimes de retraites différents. En moyenne chaque Français cotise à plus de 3 régimes, chacun avec ses règles. La logique catégorielle, compréhensible dans l’après-guerre, est devenu synonyme de corporatisme.
Ce système est sources d’injustices. Il est tout de même difficile d’expliquer les différences de règles entre le secteur public et privé et le maintien de certains régimes spéciaux dont le déficit avoisine les 16 milliards d’euros. Par exemple, la durée de la retraite pour les cheminots dépasse en moyenne de 6 ans celle du secteur privé[2] et le montant de leur retraite moyenne dépasse largement celle du reste du secteur public ou privé: 3700 euros à la RATP et 2630 à la SNCF contre 1900 pour les hospitaliers et 1500 euros dans le privé.
Certaines catégories de la population sont également défavorisées par ce système qui reproduit les inégalités salariales : c’est le cas notamment des femmes dont 20% doivent travailler jusqu’à 67 ans pour obtenir le taux plein.
La réforme que nous voulons est structurelle. A la différence des multiples réformes paramétriques engagées depuis 1982, nous voulons changer de modèle. Il ne s’agit pas d’ajuster mais de repenser notre système de retraite en profondeur.
Une réalité démographique lourde
La contrainte démographique est aussi un élément essentiel à prendre en compte. Aujourd’hui et pour de nombreuses années à venir, le nombre de cotisants baisse par rapport à celui des retraités. Nous étions 5 adultes pour 1 senior (plus de 65 ans) jusqu’en 1960 ; 2,7 aujourd’hui et 1,8 en 2050.
Pour y faire face, nous ne connaissons que 3 solutions :
- Diminuer la pension moyenne par rapport au salaire moyen – au détriment des retraités,
- Augmenter le taux des cotisations sur les salaires, forcément au détriment de l’emploi et des jeunes
- Travailler plus longtemps.
Pour moi, la solution équitable est d’ajuster la durée de cotisation à l’espérance de vie.
Nous sommes le pays industrialisé où l’on arrête de travailler le plus tôt, après le Luxembourg . C’est dans notre pays que l’espérance de vie à la retraite est la plus élevée et que la proportion de retraités pauvres est la plus faible. Pour rappel, l’âge de la retraite est désormais à 69 ans en Suède, à 67 ans en Allemagne, en Grèce, en Espagne, 66 ans au Royaume-Uni, au Portugal et en Italie …
Les grands principes de la réforme
Un nouveau système unique pour tous par points qui préserve la logique de répartition. Le système universel remplacera les 42 régimes obligatoires et concernera tous les Français, quelle que soit leur activité professionnelle. Il s’appliquera également aux assurés régis par des régimes spéciaux.
Les règles seront désormais communes à l’ensemble des Français et ne seront plus liées à un statut professionnel. Les droits à la retraite seront comptabilisés en points. Système déjà en vigueur pour les salariés affiliés à l’AGIRC-ARCCO par exemple, il permet de replacer la justice sociale au cœur de notre modèle.
Dans ce système, chaque euro cotisé conduira à l’acquisition du même nombre de points pour tous les assurés.
Un système par points pour plus de justice
Ce système par points a pour objectif principal de renforcer la justice sociale et de redonner confiance aux Français
Tous les actifs seront couverts par le système universel qui garantira un haut niveau de protection sociale avec l’acquisition de droits sur la totalité de leurs revenus d’activité dans la limite de 120 000€ bruts annuels.
Par exemple, les fonctionnaires et les assurés des régimes spéciaux s’ouvriront des droits sur la totalité de leur rémunération, primes comprises,ce qui n’est pas jusqu’à présent. Ce modèle sera plus avantageux pour les personnes aux carrières difficiles ou hachées. La comptabilisation en points permet en effet de valoriser l’ensemble des périodes d’activité des assurés alors que la validation en trimestre, dans le système actuel, exige d’avoir cotisé au moins sur une assiette de 150 fois le SMIC horaire. Désormais, chaque euro cotisé comptera pour la retraite.
Enfin, c’est un système qui renforce la solidarité nationale. Celle-ci prendra toute sa mesure car des points seront attribués en cas de chômage, maternité, invalidité et maladie, ce qui permettra d’améliorer la retraite versée au moment du départ. Le système universel s’appliquera progressivement à partir de 2025 et, au plus tôt, aux assurés nés à compter de 1963, qui seront à plus de 5 ans de leur départ en retraite au moment du vote de la loi.
Quelles conséquences pour les Français à l’étranger ?
Il existe donc un certain nombre de dispositions intéressant les Français établis hors de France :
- la possibilité de s’affilier volontairement pour bénéficier d’une retraite par points. Cela concernera les personnes travaillant hors de France et ayant été affiliées pendant au moins cinq ans à un régime obligatoire français d’assurance maladie ou à la Caisse des Français de l’étranger. Les conjoints, les concubins et les partenaires de PACS pourront également, comme aujourd’hui, adhérer à l’assurance vieillesse volontaire) ;
- la possibilité, pour les personnes qui adhèrent à l’assurance vieillesse volontaire ou qui ont été affiliées pendant au moins cinq ans à un régime obligatoire français d’assurance maladie, de racheter des points au titre des périodes d’activité effectuées à l’étranger ;
- l’application du système universel de retraite aux fonctionnaires accomplissant des services à l’étranger (fonctionnaires de l’État, fonctionnaires territoriaux, fonctionnaires hospitaliers, fonctionnaires parlementaires, magistrats de l’ordre judiciaire, militaires).
Je me réjouis particulièrement de ces possibilités offertes par la réforme. D’une manière générale et malgré les grèves et les difficultés que nous traversons, je suis persuadée qu’une réforme en profondeur de notre système de retraite est indispensable.
[1] Révolution, Emmanuel Macron, pp 146 – 147
[2] Rapport de la Cour des Comptes sur la situation des retraites, 2018
Vous dites que chaque euro cotisé rapportera le même nombre de points. Cela implique la suppression de la décote et de la surcote qui créent des inégalités. Vous dites aussi que des points seront alloués en cas de chomage, maternité etc. C’est bien mais c’est une contradiction dans votre système : points alloués sans cotisation. Les francais de l’etranger pourront avoir droit a une retraite volontaire mais ils devront payer en rachetant des points. Je ne vois pas l’intérêt. Je préférerais investir mon argent ! Vous dites que le monde nous envie notre système de retraite et que nos retraités… Lire la suite »