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Non à l’impôt sur la nationalité : une bataille qui ne fait que commencer

 Un projet porté par la gauche depuis plusieurs années 

Voilà plusieurs années que je vous alerte sur la volonté politique d'une partie de la gauche française de créer un impôt universel ciblant les Français de l’étranger. Depuis 2019, l’idée d’un impôt basé sur la nationalité refait régulièrement surface, souvent portée en sourdine, jamais assumée en période électorale. Mais à chaque loi de finances, elle ressurgit. 

Et depuis l’automne 2024, avec le renfort du Rassemblement national, la dynamique s’intensifie. C’est désormais une véritable bataille politique. 

Le 16 octobre 2025, la commission des finances de l’Assemblée nationale a adopté un amendement instaurant un « impôt universel ciblé ». Porté par La France Insoumise, soutenu par une majorité de députés de gauche et par des députés du RN, ce texte visait à imposer les Français ayant résidé au moins trois ans sur les dix dernières années en France, s’ils s’installaient ensuite dans un pays jugé fiscalement plus avantageux. Le tout en se fondant non plus sur la résidence fiscale, mais bien sur la nationalité. 

Cette tentative a heureusement échoué en séance plénière dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 octobre. 

Je m’y suis naturellement opposée, en votant contre, comme mes collègues du groupe Renaissance. L’amendement a été rejeté à une voix près : 131 pour, 132 contre. Cela montre à quel point l’alerte est sérieuse.

Une idée fausse, injuste, et profondément déconnectée de la réalité 

Cet amendement repose sur un postulat profondément erroné : les Français de l’étranger seraient, par principe, des exilés fiscaux. 

Rien n’est plus éloigné de la réalité. 

Dans les faits, les Français de l’étranger paient des impôts en France dès lors qu’ils y conservent des biens ou des revenus. Et bien entendu, ils sont également imposés dans leur pays de résidence, souvent dans le cadre de conventions fiscales bilatérales. Ce texte ne visait donc pas à corriger une quelconque injustice fiscale, mais bien à désigner un bouc émissaire commode, pour nourrir un discours budgétaire démagogique. 

Il ignore également une réalité essentielle : de nombreux Français de l’étranger sont bi-nationaux. Ils n’ont pas « fui » la France ; ils vivent entre deux pays. Faire de leur nationalité un motif d’imposition revient à transformer leur passeport en contrainte fiscale permanente. C’est non seulement injuste, mais aussi un contresens absolu. 

Et, pour couronner le tout, l’amendement de LFI était inopérant : il excluait de facto 121 pays, y compris tous les paradis fiscaux : Panama, Andorre, Monaco, Luxembourg, Îles Vierges. Il ne s’appliquait en réalité qu’à quelques pays africains… où il n’existe pas d’exil fiscal ! 

Cela en dit long sur le sérieux de la gauche dans notre pays et sur son dogmatisme ! D’ailleurs, les socialistes ont voté cet amendement ces deux dernières années. Cette fois, ils se sont abstenus, non pas par opposition au principe, mais simplement parce que la rédaction n’était pas opérationnelle. 

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que depuis 2019, nous assistons à une offensive idéologique visant à créer un impôt sur la nationalité. Même si l’amendement était, disons-le, « écrit avec les pieds », le fait qu’il revienne chaque année dans les débats est inquiétant.

Son adoption ouvrirait une véritable fenêtre d’Overton : demain, au gré des budgets, on pourrait multiplier les dispositifs pour venir taxer tous les Français de l’étranger. 

Une alerte à prendre très au sérieux 

Soyons clairs : le rejet de cet amendement en séance ne clôt pas le débat. La menace est bien réelle. Elle reviendra, tant certains à gauche comme à l’extrême droite y voient un levier idéologique facile à activer. 

Ce projet révèle une dérive inquiétante : une vision punitive, fermée, soupçonneuse de la citoyenneté. Il traduit une méconnaissance profonde des réalités des Français de l’étranger, et une volonté politique assumée de tirer profit de cette ignorance. 

Il nous appartient, collectivement, de rester mobilisés. De rappeler que la nationalité n’est pas un prétexte à l’impôt. De faire entendre que les Français de l’étranger ne sont pas des fraudeurs, mais des entrepreneurs, des familles, des étudiants, des retraités.

Je suis pleinement engagée dans ce combat. Pour une fiscalité juste, oui. Mais contre toute tentative de fiscalisation punitive fondée sur une vision dogmatique, archaïque et fermée de la citoyenneté. 

Être Français, ce n’est pas être coupable de l’être. Et ce n’est certainement pas une raison pour être taxé deux fois.