Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, a récemment remis un rapport crucial à la Commission européenne sur la compétitivité de l'UE. Ce document, qui se veut à la fois une feuille de route et un signal d’alarme, met en lumière les défis économiques auxquels l’Europe est confrontée dans un contexte de concurrence internationale accrue, notamment face à la Chine et aux États-Unis. Draghi propose des réformes structurelles profondes pour éviter ce qu'il appelle une "lente agonie" économique du continent.
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Une Europe en perte de vitesse
Le constat de Draghi est sans appel : la compétitivité européenne a décliné au cours des dernières décennies. Ce déclin se manifeste particulièrement dans le domaine technologique, où seules quatre des 50 plus grandes entreprises mondiales sont européennes, contre une domination américaine et une montée en puissance de la Chine. Ce recul technologique s'accompagne également d'une baisse des parts de marché mondiales de l'UE. Entre 2013 et 2023, la part des entreprises européennes dans le chiffre d'affaires mondial a chuté de 22 % à 18 %. La concurrence chinoise est particulièrement intense, avec une part croissante dans les secteurs industriels européens, en passant de 25 % en 2002 à près de 40 % aujourd'hui.Trois priorités stratégiques
Pour remédier à cette situation, le rapport Draghi identifie trois axes prioritaires.- Innover pour rester compétitif : Draghi souligne l'importance pour l’Europe de combler son retard dans les technologies de pointe. Face à la concurrence américaine et chinoise, l’UE doit recentrer ses efforts sur l’innovation, en soutenant davantage la recherche et le développement dans des secteurs clés comme l'intelligence artificielle, les technologies vertes, et les semi-conducteurs.
- Accélérer la décarbonation : La transition énergétique est un autre volet essentiel de la stratégie proposée. Draghi recommande un "plan commun pour la décarbonation et la compétitivité" qui vise à réduire les coûts énergétiques, tout en promouvant une économie verte. Le rapport souligne que la flambée des prix de l'énergie, liée à la rupture des approvisionnements en gaz russe, a profondément affecté la compétitivité industrielle européenne. La transition vers les énergies renouvelables devient ainsi non seulement une nécessité environnementale, mais aussi un impératif économique.
- Renforcer la sécurité économique : La sécurité des approvisionnements est le troisième pilier du rapport. Draghi appelle à une réduction des dépendances vis-à-vis des matières premières et composants critiques, notamment en diversifiant les sources d'approvisionnement et en développant des chaînes de production internes à l’Europe. Cela comprend aussi une stratégie de défense renforcée face aux nouvelles menaces géopolitiques.