L’AEFE est au cœur de la vie de nombreuses familles françaises à l’étranger. Cet opérateur public, placé sous la tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, coordonne un réseau de 612 établissements scolaires homologués dans 138 pays, qui scolarisent plus de 400 000 élèves, dont près de 40 % sont français. Mais au-delà de ces chiffres, à quoi sert exactement l’AEFE ? Et pourquoi faut-il aujourd’hui réformer son fonctionnement et sa gouvernance ?
Un outil essentiel pour les Français de l’étranger et pour la France
L’une des missions principales de l'AEFE est de proposer une continuité éducative aux enfants français vivant à l'international avec un enseignement conforme aux exigences de l’Éducation nationale. Elle permet aux communautés françaises de bénéficier d’une scolarité en français, avec des enseignants formés et des examens reconnus. Mais le réseau AEFE ne se limite pas à cela : il est aussi un instrument stratégique d'influence culturelle, linguistique et diplomatique. Plus de 60 % des élèves scolarisés dans le réseau ne sont pas français. Ils grandissent en français, s’imprègnent de nos valeurs, et deviennent, souvent, des relais durables pour notre pays.
Ce que fait concrètement l’opérateur AEFE
- L'AEFE homologue les établissements qui respectent les programmes et valeurs françaises. Elle gère directement certains établissements (EGD), en conventionne d’autres, et accompagne ceux qui sont partenaires. Elle recrute, détache et forme les personnels enseignants via un réseau de 16 instituts régionaux de formation. Elle assure l’ingénierie pédagogique, l’accompagnement des établissements, la gestion des examens et des projets éducatifs. Elle administre le dispositif de bourses scolaires pour les familles françaises. Elle accompagne le développement du réseau, notamment dans les zones sous-dotées.
Malgré ces missions essentielles, son modèle économique atteint ses limites. Sa situation financière est dégradée et la volonté du Ministère de ne s'orienter que vers des augmentations de contributions imposées aux établissements, apparaît de courte vue. En effet, il serait préférable d'engager une réforme de fond avec une vision du réseau à 10 ou 20 ans, avec des objectifs stratégiques, des décisions sur l'organisation du réseau et les missions de l'opérateur, puis décider de manière collective et concertée des mesures budgétaires à prendre. La solution de facilité qui consisterait à faire augmenter les frais de scolarité, en mettant une pression toujours croissante sur les familles, aurait de lourdes conséquences sur la pérennité du réseau.
C’est ce que j’ai exprimé, avec plusieurs de mes collègues parlementaires, dans les courriers adressés au Président de la République, avec des copies pour le Ministre des Affaires étrangères, et à la Ministre déléguée chargée des Français de l’étranger. Nous avons alerté sur les conséquences d’un pilotage uniquement comptable, sans vision de long terme, qui risque de fragiliser l’ensemble du réseau, d’en compromettre l’accessibilité, et d'en freiner le développement .
Aujourd'hui, nous avançons car il y a une prise de conscience désormais partagée par la plupart des acteurs sur la nécessité imminente d’une réforme. L'opérateur ne pourra pas faire l'économie d'une réforme en profondeur d'une clarification de ses missions, de sa gouvernance, de son fonctionnement, de ses relations avec les établissements, de son modèle économique et in fine de son financement. C'est un chantier devenu : indispensable et urgent !
Parmi les pistes concrètes qui sont aujourd'hui sur la table, issues du terrain : simplification des mécanismes de financement, meilleure transparence des règles de gouvernance, assouplissement des procédures RH, soutien accru à la formation, réforme des bourses scolaires et de renforcement du lien avec les familles et les élus locaux.
Pourquoi cette réforme est capitale
Parce que l’AEFE est bien plus qu’un opérateur technique. Et notre réseau est un levier de cohésion pour nos communautés à l’étranger. Nos écoles sont essentielles à la vie des familles françaises, où qu’elles vivent. C'est aussi une condition indispensable pour nos entreprises, notre commerce extérieur, notre diplomatie, notre influence dans le monde.
C’est donc un investissement stratégique pour la France dans un monde en compétition. Refonder l’AEFE, c’est mieux servir les familles, valoriser les personnels, pérenniser les établissements, et préparer l’avenir. C’est aussi honorer l’ambition présidentielle de doubler le réseau à horizon 2030, une ambition que nous partageons pleinement, à condition qu’elle repose sur des bases solides.
Je suis pleinement mobilisée pour faire vivre ce débat, pour porter les attentes des familles, des enseignants, des chefs d’établissement et des élus. Je continuerai à exiger une réforme structurelle, concertée et ambitieuse, qui respecte à la fois les réalités de terrain et les impératifs de l’intérêt général. Parce que l’AEFE mérite mieux que des ajustements à la marge : elle mérite une réforme à la hauteur de sa mission.