Une équation politique inédite
Le débat budgétaire s’ouvre dans un climat de très grande incertitude. La chute du gouvernement Barnier, consécutive à un vote de censure, avait déjà révélé la difficulté à construire des majorités stables au Parlement. Cette crise de l’automne dernier n’a pas été sans conséquence : dépenses gelées, recettes amputées, investissements suspendus.
Presque un an plus tard, le rejet de la confiance au gouvernement Bayrou a prolongé ce blocage. Certes, ce projet de budget avait le mérite d’ouvrir une réflexion sur la rigueur nécessaire, mais la méthode retenue fut une impasse : pas de véritable débat projet contre projet, pas de confrontation d’idées au service de l’intérêt général.
La nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre ouvre une nouvelle séquence. Son expérience et son sens du compromis peuvent permettre de renouer le dialogue parlementaire. Le cap est clair : redonner confiance aux ménages, aux marchés et à nos partenaires européens, tout en maintenant une trajectoire budgétaire crédible. Il est grand temps de sortir des postures et de se remettre collectivement au travail.
Une trajectoire budgétaire exigeante mais possible
L’économie française offre quelques points d’appui : l’inflation est revenue autour de 1 %, le pouvoir d’achat progresse de nouveau et la croissance, bien que modeste, reste positive et légèrement au-dessus des prévisions. Mais le déficit public à 5,4 % du PIB en 2025, demeure préoccupant. L’objectif de 3 % en 2029 est atteignable, à condition d’agir vite et avec méthode.
Trois quarts de l’effort devront porter sur la maîtrise des dépenses publiques, un quart au plus sur les recettes. La crédibilité passe par une trajectoire lisible, jalonnée d’étapes intermédiaires. Car la confiance des investisseurs se joue sur la cohérence et la constance. Et loin de casser la croissance, un effort bien calibré peut au contraire réduire l’incertitude et renforcer la stabilité.
Taxe Zucman : un impôt minimum sur les hauts patrimoines ?
Dans ce contexte, la proposition de Gabriel Zucman d’instaurer une taxe de 2 % sur le patrimoine net des plus grandes fortunes, soit 1 800 contribuables concernés pour une recette estimée à 20 milliards d’euros, suscite le débat. Je comprends l’intention qui la sous-tend. Mais je partage les inquiétudes d’économistes et d’entrepreneurs : la notion de patrimoine individuel lorsqu’il s’agit des parts détenues dans une entreprise n’est parfois qu’une écriture comptable liée à une valorisation hypothétique ; c’est le cas de la plupart des entreprises en devenir dans la Tech notamment. Et pour ces détenteurs de parts de capital dans la Tech, une telle mesure les contraindrait à désinvestir, freinerait net leur prise de risque et d’accélérerait la fuite des talents vers d’autres cieux plus cléments pour l’investissement. Des figures de l’innovation française, telles qu’Arthur Mensch (Mistral AI) ou Frédéric Mazzella (BlaBlaCar), ont déjà exprimé leurs réserves. Cela ne signifie pas qu’aucune réforme n’est possible. Mais elle doit être pensée avec lucidité, en arbitrant entre équité et attractivité.
Français de l’étranger : lutter pied à pied contre l’impôt universel
Dans ce débat budgétaire crucial, ma vigilance restera maximale pour les Français de l’étranger. Ils ne doivent pas être pénalisés par des mesures inadaptées. Je m’opposerai fermement à toute velléité d’instaurer un impôt universel qui frapperait injustement nos compatriotes établis hors de France et notamment vous-même qui résidez dans la 11ème circonscription législative, en Asie, en Océanie ou en Europe orientale.
Cette idée extravagante de l’impôt universel revient régulièrement dans le débat public, y compris ces derniers mois sur les bancs de la gauche, de la gauche sociale-démocrate et parfois du Rassemblement national.
Pourtant, le système fiscal français repose sur des principes clairs et éprouvés : l’imposition doit demeurer fondée sur la territorialité : chacun contribue là où il vit, travaille et bénéficie des services publics. Les piliers de la fiscalité française que sont la résidence, l’égalité devant l’impôt, la nécessité de financer les services publics dans le pays où l’on vit et la sécurité juridique garantie par nos conventions internationales, sont autant de raisons de refuser une fiscalité universelle, injuste et inapplicable aux réalités des Français établis hors de France.
Deux chantiers doivent également être engagés : l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger) et la CFE (Caisse des Français de l’Étranger). Ces opérateurs essentiels doivent être réformés pour gagner en efficacité, en lisibilité et en équité. Il s’agit de garantir à nos enfants un accès durable à une éducation en français de qualité, partout dans le monde, et d’offrir à nos compatriotes une protection sociale adaptée à la mobilité internationale.
Vous pouvez compter sur moi pour défendre ces priorités, avec constance et détermination.