Le 25 avril dernier, un jalon a été posé pour l'avenir de la défense européenne avec un discours crucial à la Sorbonne, dit « Sorbonne II ». Le Président de la République y a dévoilé une vision audacieuse et transformative a de l’Europe, mettant en lumière la nécessité d'une Union plus forte, plus intégrée et sécurisée.
Une vision renouvelée de la souveraineté européenne
Au cœur du discours de la Sorbonne se trouve un appel à renforcer la souveraineté européenne. Cette souveraineté ne se définit pas seulement en termes de capacités militaires, mais aussi en termes de capacité à innover, à produire, et à décider de notre propre destin dans un monde de plus en plus interconnecté et complexe. Le retour de la guerre sur le sol européen ainsi que les récentes crises, qu'elles soient sanitaires, économiques ou sécuritaires, ont montré notre dépendance vis-à-vis de l'extérieur, notamment dans des secteurs stratégiques tels que la technologie et les équipements de défense.
Pour contrer cette dépendance, nous proposons une consolidation de l'industrie de défense européenne, qui serait soutenue par une augmentation significative de la recherche et du développement technologique sur notre territoire. Cette initiative permettrait non seulement de sécuriser nos approvisionnements en équipements essentiels mais aussi de stimuler notre économie et de créer des emplois hautement qualifiés.
Le Président de la République a notamment souligné l'importance pour l'Europe de développer ses propres capacités de défense aérienne et antimissile, mettant en avant une démarche vers une autonomie stratégique en matière de défense. Il a plaidé pour une réduction de la dépendance vis-à-vis des États-Unis, pointant, avec raison, les changements dans les priorités de la politique étrangère américaine. Cela pourrait se manifester par la création pour l'Europe de ses propres systèmes de défense antimissile. Pour exemple, le développement et le déploiement du système anti-missiles Mamba, une initiative conjointe entre la France et l'Italie, déjà opérationnelle en Ukraine. Ce système représente un pas vers une Europe capable de défendre ses territoires sans dépendre autant des technologies et systèmes non européens. Cette initiative s'aligne avec la vision plus large d'une Europe capable de se défendre avec ses propres ressources et capacités stratégiques.
La coopération en matière de défense : un impératif stratégique
L'un des points saillants du discours a été l'accent mis sur la coopération entre les États membres de l'Union européenne. La proposition de création d'une force de réaction rapide européenne est particulièrement pertinente. Cette force permettrait à l'Europe de répondre avec agilité et efficacité à des crises internationales, tout en démontrant notre solidarité et notre capacité à défendre nos intérêts communs. Pour y parvenir, il sera nécessaire de surmonter des défis logistiques et politiques, notamment en ce qui concerne l'harmonisation des politiques de défense et la mutualisation des ressources militaires. Cela impliquera des changements significatifs dans la manière dont les décisions de défense sont prises au sein de l'Union, nécessitant une confiance et une coordination accrues entre les nations membres.
Il s’agit par la même occasion de reconnaître le passage à un monde multipolaire, tout en soulignant l'importance de l'autonomie stratégique européenne. Cette autonomie ne doit pas être interprétée comme un repli sur soi, mais comme une capacité accrue à agir de manière indépendante, tout en restant ouverts et en coopération avec d'autres grandes puissances. Cette stratégie vise à placer l'Europe en tant qu'acteur équilibré et respecté sur la scène internationale, capable de défendre ses valeurs tout en promouvant la paix et la stabilité mondiale.