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UE – Kazakhstan : construire ensemble une autonomie stratégique

Un tournant géopolitique partagé

J’ai eu l’honneur de participer à un colloque consacré à l’avenir des relations entre l’Union européenne et le Kazakhstan, à l’aune du sommet de Samarcande. Ce moment d’échange intense a confirmé une conviction : dans un monde fracturé, l’Europe et l’Asie centrale ont plus que jamais besoin l’une de l’autre. Ce que nous avons vu à Samarcande, c’est une volonté commune de bâtir des autonomies stratégiques. Ce concept, depuis la guerre en Ukraine, a pris une dimension décisive : il ne s’agit ni d’isolement, ni d’autarcie, mais de la capacité à choisir ses partenariats, défendre ses intérêts et résister aux pressions extérieures. 

Pour le Kazakhstan, situé à 7 600 km de frontière avec la Russie, cette autonomie est un impératif de souveraineté et de stabilité. Pour l’Union européenne, elle est la clé de notre indépendance économique, énergétique, technologique, et normative. 

La norme : pilier d’un partenariat équilibré 

Dans un monde marqué par l’incertitude, la puissance de l’Europe réside dans sa capacité à créer des règles. L’Union européenne ne se contente pas d’être une puissance économique : elle est, avant tout, une puissance normative. Cette capacité à fixer des standards — en matière d’environnement, de numérique, de sécurité ou de commerce — constitue une forme d’influence unique. Elle protège les citoyens, sécurise les échanges et garantit une forme d’équité dans la mondialisation. 

La France, fidèle à cette tradition, construit ses partenariats sur la base de principes clairs : transparence, réciprocité, loyauté. Et c’est précisément ce que nous avons à partager avec le Kazakhstan. En intégrant progressivement cette culture de la norme, non comme une contrainte mais comme un levier de souveraineté, le Kazakhstan peut pleinement s’inscrire dans un partenariat d’égal à égal avec l’Union européenne — et même contribuer à façonner ces normes avec nous

Une relation franco-kazakh au cœur des enjeux 

Le sommet de Samarcande a tracé une feuille de route ambitieuse : coopération sur les matières premières critiques, lutte contre la désinformation, convergence sur les droits humains et appui au développement régional. Cette dynamique s’est concrétisée récemment lors du déplacement officiel du président de la République au Kazakhstan et en Ouzbékistan, auquel j’ai eu l’honneur de participer. Cette visite, la première d’Emmanuel Macron dans la région, a souligné l’importance stratégique croissante de l’Asie centrale pour la France et a permis de renforcer notre coopération bilatérale dans des domaines-clés : transition énergétique, agriculture, innovation, eau, sécurité. 


Retout sur le déplacement présidentiel au Kazakhstan en 2024


Une autonomie qui unit, pas qui isole

L’autonomie stratégique n’est pas un repli. C’est une affirmation de souveraineté, un moyen de coopérer entre égaux dans un monde incertain. C’est le refus du chantage, de la dépendance, de l’arbitraire. Avec le Kazakhstan, nous avons trouvé un partenaire lucide, courageux et tourné vers l’avenir. Ensemble, nous avons un rôle à jouer pour structurer un nouvel équilibre mondial, fondé sur la règle, la stabilité et la liberté de choix. C’est cette ambition partagée que je continuerai à défendre avec constance.