Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’Europe a adopté ce lundi 21 mars, son 1er livre blanc de la défense européenne. Ce dernier a été adopté par les ministres des Affaires étrangères et de la Défense. Il a pour objectif de définir une stratégie globale de défense et de sécurité pour l’Europe jusqu’en 2030.

La stratégie se décline en quatre chapitres :

– Agir : l’Union Européenne aura une capacité de déploiement pouvant compter jusqu’à 5 000 militaires pleinement équipés et 200 experts. Elle sera prête à les déployer dans un délai de 30 jours.

– Assurer la sécurité : l’Union Européenne développera ses capacités d’analyse du renseignement, grâce à une boîte à outils hybride et des équipes d’intervention et élaborera aussi une stratégie spatiale et maritime pour la sécurité et la défense. 

– Investir : les États membres se sont engagés à augmenter sensiblement leurs dépenses de défense et à adopter des budgets de défenses coordonnés pour éviter les doublons, les gaspillages et si possible, la forte dépendance à l’industrie américaine de l’armement. La coopération industrielle dans la défense en Europe devrait devenir la norme.

– Travailler en partenariat : l’Union Européenne renforcera la coopération avec les partenaires stratégiques tels que l’OTAN, les Nations Unies et les partenaires régionaux, notamment l’OSCE, l’UA et l’ASEAN mais aussi avec des pays partageant les mêmes valeurs, tels que les États-Unis, le Canada, la Norvège, le Royaume-Uni, le Japon et d’autres.

Ce texte est un tournant pour l’Union Européenne et peut être considéré comme le premier pas vers une armée européenne.

Pour le moment, les opérations devraient d’abord se concentrer sur des missions militaires d’urgence en raison de la taille limitée du contingent (5.000 hommes au maximum).

Les Vingt-Sept s’engagent à atteindre des dépenses militaires à hauteur de 2 % de leur PIB, contre 1,5 % aujourd’hui. Ces fonds supplémentaires permettraient aux Européens d’investir dans des équipements qui leur font actuellement défaut, notamment des drones, des systèmes de combat, des chars, des systèmes de défense antiaérienne et antimissile.

Cet aspect budgétaire est fondamental dans le sens où les fonds sont l’un des blocages de la création d’une armée européenne. Il s’agit à présent d’appliquer les mesures adoptées.

Alors que les pays de l’Est étaient réticents à l’idée d’une armée européenne et jugeaient l’OTAN comme seule organisation militaire nécessaire, le changement stratégique américain à savoir privilégier l’Asie et le Pacifique a modifié la donne. Bien sûr, la guerre en Ukraine est également une raison supplémentaire de l’urgence d’agir. 

Avec cette « boussole stratégique », les Européens ont pour objectif de consolider l’OTAN avec un vrai pilier européen. La défense européenne est complémentaire de l’OTAN et vise à réduire nos dépendances capacitaires et opérationnelles. Toutefois, l’Alliance Atlantique demeure le fondement de notre défense collective et n’est pas vouée à disparaître. 

L’Europe de la défense, projet tant porté par la France, est désormais véritablement lancée.