Mardi à Strasbourg, un homme du nom de Cherif Chekatt a ouvert le feu dans le marché de Noël, tuant trois personnes et en blessant plusieurs autres gravement. Il était connu des services de police et était fiche S pour radicalisation. Naturellement, comme à chaque attentat, la question de l’enfermement préventif (pour combien de temps?) des fichés S refait surface dans le débat démocratique.
Il est bon de rappeler quelques données sur les fiches S:
Il existe plusieurs types de fiches S, donnant chacun lieu à des précautions différentes. Tous ne sont pas reliés à l’Islam radical. On y trouve des militants d’ultra-gauche ou d’ultra-droite, des hooligans…
Tous ne sont pas surveillés 24h sur 24. Cela demanderait un nombre d’agent irréaliste.
La fiche S, qui existe depuis les années 60, ne désigne pas des suspects. Elle n’est pas une accusation. Elle est un instrument de surveillance destiné à faire remonter des informations, de les recouper et de déceler les signaux faibles qui pourraient alerter sur l’imminence d’un éventuel passage à l’acte. La fiche S permet par exemple de notifier les franchissement de frontières.
Ainsi la fiche S est un outil de travail indispensable à nos services de renseignement. Elle n’a de pertinence que si celui qui est fiché S ignore qu’il est fiché afin que ses allées et venues, dès lors qu’elles n’atteignent pas à la sécurité de l’état, permettent de collecter de nouvelles informations, de nouveaux éléments, de nouvelles pistes, de nouvelles preuves de l’existence d’une menace, proche ou lointaine, pour notre sécurité.
Certains voudraient voir les fichés S enfermés au seul motif qu’ils sont fichés S. Ce discours est irresponsable, démagogique. Dévoiler qui est fiché S et qui ne l’est pas reviendrait à rendre publiques les pistes de travail de nos services de renseignement et entraver leur travail.
Le risque terroriste est omniprésent. Je regrette que cette menace soit à nouveau instrumentalisée par certaines personnalités politiques. Notre police et nos services de renseignement font un travail remarquable. Législateurs, nous les accompagnons pour leur permettre de s’adapter à une menace protéiforme, en constante évolution. Les moyens de la DGSI ont été renforcés (1900 postes et 20 millions d’euros supplémentaires en 2019). Un parquet national antiterroriste a été créé. Les maires sont mieux informés et impliqués.
Le risque zéro n’existe pas, mais notre pays est de mieux en mieux armé pour faire face à la menace terroriste. 6 attentats ont été déjoués cette année.
Alors j’en appelle à la responsabilité de chacun: notre sécurité est un sujet bien trop important. Ne laissons pas les querelles politiciennes mettre à mal le travail de nos services.