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Indopacifique, la coopération pas la confrontation

09 décembre, 2021

L’affaire « Aukus » est une opportunité pour la France de réorienter une politique largement centrée sur les aspects militaires vers davantage de coopération dans les domaines économiques et de la transition écologique.

La France vient de connaître un sérieux revers dans la mise en œuvre de sa stratégie indopacifique après la rupture du contrat des sous-marins océaniques avec l’Australie. Pourtant, c’est bien dans cette région du monde que notre pays a un intérêt vital à défendre.

Le siècle de l’Asie

La région, qui va de l’Inde au Japon, concentre 40 % du PIB mondial. Elle compte six membres du G20. Dès 2040, la zone indopacifique pourrait représenter plus de 50 % du PIB mondial et ses marchés, 40 % de la consommation globale. Son poids démographique – 60 % de la population mondiale – est considérable. La classe moyenne est proche de 3 milliards de personnes en Asie. Ces populations sont demandeuses de biens haut de gamme et de services de qualité, elles sont mobiles et connectées et de plus en plus citadines : 21 des 30 plus grandes villes de la planète se trouvent en Indopacifique.

Les Européens ont été précurseurs. Ils sont le premier investisseur dans la zone – devant les États-Unis –, le premier pourvoyeur d’aides au développement et un partenaire commercial important, avec 1 500 Mds € d’échanges bilatéraux. L’aspect commercial est prédominant dans la région. D’ailleurs, sous l’impulsion de la France, l’Union européenne vient de se doter d’une stratégie indopacifique ambitieuse.

La France, puissance régionale

Dans ce contexte, la France peut jouer un rôle non négligeable, car elle est une puissance de l’Indopacifique avec l’outre-mer et sa zone économique exclusive dont 93 % se situent dans l’océan Indien et le Pacifique, soit plus de 10 millions de km2. Au regard du potentiel que constitue la mer dans les années à venir, cela donne une idée des perspectives pour le pays.

Cette réalité française, c’est bien sûr une population de 1,65 million d’habitants à Mayotte, la Réunion, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et la Polynésie. C’est aussi une communauté d’environ 150 000 Français à l’étranger, un nombre qui a triplé en 20 ans. Enfin, c’est un contingent de 8 300 militaires. La France a donc des forces vives et des atouts considérables à faire valoir dans la région.

Des opportunités tous azimuts

Pour faire de cette richesse un succès national, la France doit intensifier ses coopérations et identifier les secteurs porteurs où elles pourront se déployer. Quatre apparaissent intéressants.

D’abord l’économie, car c’est la clef de la prospérité. Plus de 7 000 filiales d’entreprises françaises sont déjà implantées en Asie Océanie, ce qui place la France en tête de l’UE. La France peut également exporter son savoir-faire technologique en s’appuyant sur des programmes comme « French AgriTech » pour accélérer et financer le développement de l’innovation agricole. Ces méthodes pourraient être développées dans la région. En outre, le revers pour les sous-marins hexagonaux ne saurait ternir la compétitivité ni de Naval Group qui menait ce projet ni de nos entreprises. Ainsi Alstom a-t-il remporté l’appel d’offres pour le métro de Melbourne quelques jours plus tard. Les projets dans les domaines des transports, de l’énergie, de la gestion des déchets ou encore de l’eau sont nombreux, autant d’opportunités de conquête de nouveaux marchés.

Marquée par une forte vulnérabilité aux défis environnementaux et climatiques, la zone indopacifique a besoin d’un partenaire comme la France pour l’aider à y faire face. Elle a par exemple un savoir-faire reconnu et pourrait aider à développer des zones maritimes protégées. C’était d’ailleurs l’une des raisons du récent déplacement de la ministre de la Mer Annick Girardin en Indonésie. Alors que certaines populations n’ont toujours pas accès à l’eau potable, d’autres rencontrent de grandes difficultés dans la gestion des déchets. La France pourrait mettre à disposition son expertise dans ce domaine pour venir en aide aux pays les plus démunis. La coopération environnementale doit être un axe prioritaire pour le déploiement de la présence française.

Les droits humains pour gagner les cœurs et les esprits

Pour crédibiliser sa démarche, la France doit prendre ses responsabilités et jouer son rôle historique dans la défense et la promotion des droits humains, du droit international (contrôle de la liberté de navigation dans les détroits), du multilatéralisme et d’un « espace libre, sûr et ouvert ». Par exemple, le Président de la République a affirmé vouloir « relancer le combat » contre la peine de mort dans le monde. La région de l’Indopacifique, où la majorité des pays appliquent la peine capitale, sera clé dans ce défi. Se rapprocher des sociétés civiles, défendre les minorités ethniques, religieuses et les peuples indigènes ou lutter contre la pauvreté, c’est aussi le devoir du pays des droits de l’homme, y compris pour y gagner les cœurs et les esprits.

En outre, nombreux sont les Français vivant dans la région qui ont été à l’initiative de projets remarquables : aide de la population carcérale en Indonésie, mission humanitaire pour les enfants ou encore création d’évènements de renommée internationale comme Kyotographie, ils sont des « ambassadeurs » à l’avant-poste du rayonnement français à l’étranger.

La France peut être une puissance d’équilibre si elle parle à tout le monde, commerce avec tous, coopère au service de tous et défend ceux qui ont besoin d’être défendus. Être un acteur de la prospérité régionale, c’est être un acteur de la paix. Et la paix doit être la pierre angulaire de notre axe Indopacifique. Car si le renforcement d’alliances militaires est fondamental, c’est par le développement de coopérations environnementales, culturelles, scientifiques, sportives que la France prendra toute sa place en Indopacifique et ouvrira une voie essentielle au service de la paix.

 

Retrouvez ma tribune dans Les Echos 

 

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