Membre de la Commission de la Défense et des Forces armées, je me suis totalement impliquée dans l’examen de la Loi de Programmation Militaire (LPM). Comme mon équipe et moi-même ne pouvons pas toujours répondre à toutes les remarques formulées sur les réseaux sociaux, j’y reste néanmoins sensible. Ainsi, je vais essayer de répondre à certaines de vos interrogations notamment à la question de pourquoi investir autant d’argent pour notre Défense ?

En préambule, je voudrais aussi répondre à un certain nombre de nos concitoyens de notre circonscription qui s’interrogent sur le lien avec les Français de l’étranger. A ce titre, je voudrais rappeler plusieurs choses.

Tout d’abord, bien qu’élu dans le cadre d’une circonscription, chaque député, compte tenu de la mission de participation à l’élaboration et au vote de la loi, ainsi que de contrôle de l’action du Gouvernement, représente la Nation tout entière et exerce à ce titre un mandat national. Le rôle d’un député, c’est de défendre l’intérêt général sur la base des valeurs et du programme sur lesquels il a été élus. Un député participe à la mise en œuvre de la politique nationale et a pour mission de participer au travail parlementaire de l’une des huit commissions de l’Assemblée nationale.

A ce titre, j’ai souhaité intégrer la Commission de la Défense et des Forces armées car notre vaste circonscription composée d’une cinquantaine de pays d’Asie, d’Océanie et d’Europe orientale concentre l’ensemble des points chauds de la planète. Vous qui y résidez, vous êtes directement concernés par le retour des Etats-puissances, le terrorisme, les catastrophes naturelles ou tout simplement par la défense des intérêts de la France. Comme le montre la guerre d’Ukraine, ces évènements ont un impact direct ou indirect sur le cours de nos vies.  

Faire face à un monde instable 

La guerre d’Ukraine nous a brutalement rappelé que nous vivions dans l’illusion d’une paix perpétuelle en Europe alors que, comme le disait Raymond Aron, « la compétition est l’état naturel des relations entre Etats ».

Pourtant, la menace permanente du terrorisme, la guerre contre Daesh, les opérations extérieures de nos armées n’ont jamais cessé. Dans le cadre de l’opération Barkhane, la France déployait plus de 5000 hommes pour combattre les djihadistes au Sahel. Depuis plus de 10 ans, nos armées sont pleinement engagées et paient le prix du sang pour nous défendre avec la perte de 58 de nos compatriotes.

Le retour de la guerre de haute intensité en Europe est un réveil brutal, pas seulement pour la France mais pour toutes les Nations qui ont cru au dépassement des confrontations armées sur notre continent. D’autant plus que cette guerre est d’une barbarie sans nom, plus de 300 000 soldats morts, plus de 7000 civils tués, sans compter les dizaines de milliers de blessés.

Le retour des Etats-puissances s’était déjà caractérisé par l’augmentation des budgets militaires en Chine, en Turquie, en Arabie Saoudite. En 2022, les dépenses militaires mondiales ont atteint un record atteignant 2 240 milliards de dollars. En Europe, les montants consacrés à la défense connaissent leur plus forte augmentation depuis 30 ans.

Dans le détail, certaines de ces hausses sont frappantes comme en Finlande (+36 %), en Lituanie (+27 %), en Suède (+12 %) et en Pologne (+11 %). Bien que beaucoup de ces pays limitrophes de la Fédération de Russie avaient déjà anticipé les ambitions d’un voisin jugé menaçant.

Sans surprise, les deux premières économies du monde sont aussi les plus dépensières en matière de défense. Les Etats-Unis et la Chine représentent ainsi à eux seuls plus de la moitié des dépenses militaires mondiales. Washington a dépensé 877 milliards de dollars dans ses armées (39 % des dépenses mondiales), contre 292 milliards pour Pékin (13 %) en 2022. La Russie (3,9 %), l’Inde (3,6 %) et l’Arabie saoudite (3,3 %) complètent ce classement international. La France se situe dans le top 10 avec 50 milliards de budget en 2022.

Dans son effort de guerre, la Russie a quant à elle augmenté de 9,2 % ses dépenses militaires en 2022, lesquelles ont atteint 86,4 milliards.

Une Loi pour notre sécurité collective

Dans ce contexte, on comprend bien qu’il est plus que nécessaire d’écouter ce que nous ont enseignés les Romains : « Si vis pacem, para bellum », « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Dès 2017, le président de la République et notre majorité avaient pris l’initiative d’augmenter le budget des armées alors que celui-ci était pressurisé par les coupes budgétaires depuis 40 ans. Ainsi la précédente Loi de programmation militaire engageait 295 milliards € pour nos armées. C’était une loi de réparation de nos capacités militaires.

Mon intervention sur le bilan de la LPM 2019-2025 

Toutefois, face à l’évolution du contexte stratégique, il est opportun d’avancer l’adoption d’une nouvelle loi de programmation militaire pour être prêt à « gagner la guerre avant la guerre » selon l’expression du Chef d’Etat major, le Général Burkhard.

Les armées bénéficieront ainsi d’un budget de 413 milliards d’euros sur la période 2024-2030, dans le cadre de la future loi de programmation militaire (LPM), soit un tiers de plus que l’enveloppe de la précédente LPM. L’effort demandé à la Nation est inédit. Il est à proportion des dangers, c’est-à-dire considérables.

Après avoir réparés nos armés, nous souhaitons maintenant les transformer pour avoir « une guerre d’avance ». In fine, notre outil militaire est la condition de notre liberté, de notre sécurité, de notre prospérité et de notre place dans le monde. 

Au total, les deux LPM conduiront à un doublement des budgets de nos armées entre 2017 et 2030.

Lors du travail en commission de la Défense et des Forces armées, les députés ont pu encore renforcer la portée du texte.

Adoption de mon amendement pour acter l’influence comme fonction stratégique

Nous avons réitéré notre engagement à poursuivre l’effort entrepris afin d’améliorer les conditions de vie des militaires et des civils de la Défense, ainsi que de leurs familles.

Nous avons inscrit dans le texte notre ambition d’une plus grande diversité et d’une meilleure représentativité, notamment des Femmes et de nos concitoyens ultramarins.

Nous avons réaffirmé nos ambitions pour nos armées à l’international en consacrant la nouvelle fonction stratégique Influence dans le texte (grâce à plusieurs de mes amendements adoptés) ; en promouvant la mobilité internationale des militaires ; en rappelant que la France est un acteur clé de la défense de l’Europe et qu’elle œuvre, tout en restant un allié loyal et exemplaire au sein de l’OTAN, au renforcement du pilier européen de l’Alliance.

Nous avons renouvelé notre ambition pour notre BITD (Base industrielle et technologique de défense), en inscrivant dans le texte plusieurs objectifs : amélioration de son financement ; soutien aux petites et moyennes entreprises, notamment innovantes ; relocalisation des filières stratégiques, des moyens de production et des savoir-faire sur le territoire national ; développement et protection des filières souveraines dans divers domaines tels que le quantique ; consolidation du contrôle des investissements étrangers et de la lutte contre les tentatives d’ingérences étrangères.

L’information et le contrôle du parlement ont également été renforcés par nos travaux. 

Enfin, nous avons rappelé l’impact du changement climatique sur la stratégie militaire de la France.

Explications de vote pour le groupe Renaissance sur le vote de la LPM 2024-2030 en Commission de la Défense nationale 

Une Loi pour les Français à l’étranger

Sur les réseaux sociaux, certains m’interpellent car « j’aurais mieux à faire pour les Français de l’étranger ». Tout d’abord, l’un n’empêche pas l’autre. Il y a une répartition des tâches au sein de mon équipe et nous continuons à suivre les dossiers qui concernent directement les Français à l’étranger et à répondre aux nombreuses sollicitations. Je ne manque pas de faire des points réguliers soit par la lettre d’information soit lors de mes permanences mensuelles virtuelles.

Ensuite, permettez-moi de penser qu’il n’y a aujourd’hui rien de plus urgent que de se donner les moyens d’avoir une armée moderne et respectée dans le monde entier. C’est le pilier de notre sécurité et de notre place dans le monde. C’est aussi une des conditions de la sécurité des Français partout où ils se trouvent.

Les récentes opérations militaires d’évacuation au Soudan, ont encore démontré l’efficacité de notre armée et son utilité pour protéger les Français à l’étranger.

L’opération dite « Sagittaire » d’évacuation hors du Soudan de ressortissants français et étrangers menée par 150 de nos soldats a permis de mettre à l’abri plus de 900 personnes, de près de 80 nationalités. Notre réactivité et notre efficience ont été unanimement saluées dans le monde entier. C’était déjà le cas en Afghanistan où la France a participé en 2021 à l’un des plus grands ponts aériens de l’Histoire. Nos armées ont pu évacuer tous les ressortissants français et plusieurs centaines d’Afghans liés à la France. Autre illustration, la France a été la première sur zone pour aider au Vanuatu suite au passage de plusieurs cyclones au début de l’année 2023.

Ainsi, cette Loi permettra aussi de mieux vous protéger où que vous soyez, y compris grâce aux moyens supplémentaires (+60%) accordés à nos capacités de renseignement.

Enfin, cette LPM permettra de développer considérablement le nombre de réservistes opérationnels. Dans ce cadre, sur un volet qui me tient particulièrement à cœur, nous avons simplifié les procédures appliquées aux réservistes expatriés, afin de leur permettre d’être affecté dans le pays dans lequel ils résident, en soutien de nos missions militaires de défense, et de nos forces prépositionnées.

Vous l’aurez compris, cette LPM a d’abord vocation à nous protéger tous, dans l’hexagone, en Outre-Mer et à l’étranger. Elle a vocation à tout faire pour nous garantir la paix. Dans ce cadre, je suis très fière d’avoir pu y contribuer en tant que votre représentante.

En savoir plus :

• les détails de la Loi de programmation militaire en livret 
• la présentation de la LPM sur mon site ici 
• La tribune de mon groupe politique dans Le Monde