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OTAN : l’heure de vérité

07 April, 2022

Pour les pays membres de l’alliance, être sous le parapluie de l’OTAN ne peut plus suffire aujourd’hui, selon Anne Genetet. Chacun doit jouer son rôle en tant qu’acteur et non plus consommateur, afin de faire émerger une défense européenne plus forte et plus opérationnelle.

Depuis le 24 février, notre continent est à nouveau en proie à un conflit opposant deux nations européennes . Nombreux étaient ceux qui ne voulaient pas croire une telle chose possible . Le réveil est brutal. Si la France a su rester une puissance militaire, tout porte à croire que nous ne sommes pas prêts pour affronter seuls un conflit de haute intensité. Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que l’architecture de sécurité européenne soit devenue le sujet central de la présidence française de l’Union européenne, avec au menu l’OTAN et l’Europe de la défense.

Les Français ont un rapport particulier avec cette organisation, régulièrement au centre des débats sur notre politique étrangère. L’OTAN est une alliance politico-militaire défensive, dont la genèse remonte à la crainte d’une guerre sur le territoire européen. Nous y sommes !

L’OTAN et le principe de défense collective

L’idée derrière l’Alliance est simple : 30 pays qui partagent les mêmes valeurs et vision du monde, la démocratie libérale, s’allient, car à plusieurs, nous sommes plus forts. Rappelons que l’OTAN ne recoupe pas l’Union européenne, puisqu’elle inclut les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la Turquie, la Norvège, l’Albanie, la Croatie, le Monténégro ou encore la Macédoine du nord… mais pas la Finlande ni l’Autriche, par exemple.

L’Alliance dispose à son crédit de trois forces. La première, c’est le principe de défense collective – le fameux article 5 du Traité de l’Atlantique Nord – qui prévoit qu’une attaque sur l’un ou plusieurs de ses membres sera considérée comme une attaque dirigée contre tous. La seconde, c’est la garantie de sécurité américaine, qui comprend la dissuasion nucléaire américaine, la défense antimissile balistique et des forces conventionnelles déployées par les Etats-Unis en Europe.

« La mort cérébrale de l’OTAN »

Ce ‘parapluie américain’ est considéré comme crucial, voire vital pour la plupart de nos partenaires européens – la France, quant à elle, bénéficie de l’indépendance de sa dissuasion nucléaire. Et la troisième, c’est l’interopérabilité qu’elle génère entre ses membres ; c’est-à-dire, tout ce qui permet à nos armées, par le développement de standards communs (munitions, équipement, formation des troupes), de fonctionner et de se compléter facilement sur des théâtres d’opérations.

Depuis plusieurs années toutefois, l’Alliance démontre une certaine impuissance, un état de fait qui avait d’ailleurs conduit le Président de la République à déclarer en 2019, en réaction à l’offensive turque dans le Nord-est syrien menée sans concertation avec les alliés, que ‘ce que nous vivons actuellement, c’est la mort cérébrale de l’Otan’.

Et pour cause : la prise de décision se faisant sur la base de l’unanimité, ses 30 membres ont de plus en plus de mal à trouver des consensus. La guerre en Irak en 2003 ou encore la crise opposant la Turquie et la Grèce en 2020 ont montré des désaccords fondamentaux, tandis que la guerre en Syrie en 2013 a mis au grand jour un manque de volonté politique unanime. Tout cela relativise fortement l’efficacité opérationnelle de l’Alliance.

L’Europe doit reprendre son destin en main

À cela, il faut ajouter un manque cruel d’investissement dans les appareils de défense européens. Lors du sommet de l’OTAN au Pays de Galles en 2014, la décision avait été prise que ses membres consacreraient au moins 2 % de leur PIB dans leur défense nationale. Huit ans plus tard, seuls 10 pays, dont la France depuis 2020, respectent cet engagement. Être sous le parapluie OTAN ne peut suffire : il faut aussi que chaque membre de l’Alliance accepte de jouer pleinement son rôle.

Nonobstant les crises traversées par l’OTAN, l’invasion de l’Ukraine a réveillé l’Alliance face au péril qui se dresse devant nous. C’est évidemment salutaire, mais insuffisant. Dès septembre 2017, le Président de la République, dans son discours de la Sorbonne, avait souligné que la souveraineté européenne devait reposer sur une Europe qui garantit sa propre sécurité, dans toutes ses dimensions. Ainsi, dans un contexte où les Américains ont basculé vers l’Asie, la France doit continuer à appuyer l’idée que les Européens reprennent leur destin en main.

Une défense européenne plus forte

Telle est l’autonomie stratégique défendue par le Président Macron depuis le début de son mandat : être en mesure d’agir en Européens et de nous défendre davantage par nous-mêmes pour assurer notre sécurité. Faire émerger une défense européenne plus forte et plus opérationnelle, complémentaire de l’OTAN et qui contribue à la sécurité mondiale, comme l’appelle de ses vœux la déclaration franco-américaine du 29 octobre 2021. Être des acteurs de défense, et non plus seulement des consommateurs.

Pour y parvenir, il faudra un effort financier considérable. Cet effort, la France a largement commencé à le faire sous la Présidence d’Emmanuel Macron, avec la loi de programmation militaire. Depuis 2020, nous avons franchi la barre des 2 % du PIB pour arriver à 2,15 % en 2022 soit 41 milliards d’euros par an contre 32 milliards seulement en 2016. Les Allemands viennent d’investir 100 milliards d’euros tout de suite dans la modernisation de leur armée, et d’augmenter progressivement leurs dépenses de défense pour atteindre rapidement les 2 % de PIB. Il est donc souhaitable que chaque membre de l’Alliance puisse présenter un plan d’investissement massif.

Travail diplomatique

Une autre initiative pourrait être la création d’un fonds commun pour investir dans des capacités opérationnelles nouvelles pour l’OTAN, comme la cyberdéfense ou la gestion de crise. Le but de la défense européenne, c’est la complémentarité avec l’OTAN en réduisant nos dépendances capacitaires et opérationnelles.

Un travail diplomatique est également nécessaire pour encourager et rassurer tous les pays à participer à cet effort européen. Certains pays n’ont tout simplement pas suffisamment confiance dans la France et ne souhaitent pas que nous jouions un rôle de chef militaire. Il faut l’entendre pour mieux prendre en considération les préoccupations et enjeux de défense de chaque Etat membre de l’UE, en particulier des pays baltes et de l’Est. Des pays qui ont placé l’OTAN au coeur de leur politique de défense.

Enfin, la cruelle actualité de la guerre en Ukraine nous le montre : il est nécessaire de développer un discours et une doctrine européens au service d’une politique étrangère et de défense commune centrée sur nos valeurs et nos intérêts communs, à destination de l’opinion publique dans et hors des frontières européennes, afin de contrer les récits des puissances autoritaires. Alors que sonne l’heure de vérité, deux chemins s’ouvrent pour les membres de l’Alliance : être consommateur de défense, et subir le futur et ses aléas ; ou être acteur de défense, et préparer l’avenir… c’est le choix fait par la France.

 

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