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Afghanistan : l’honneur de la France

09 septembre, 2021

Alors que nous avons commémoré le 20ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, je souhaitais revenir avec vous sur l’actualité qui a ébranlé l’Afghanistan cet été.

Un pays en guerre depuis plus de 40 ans 

Depuis plus de 40 ans, l’Afghanistan est un pays en guerre. Depuis plus de 40 ans, l’Afghanistan est un pays en guerre. Les nombreuses problématiques qui l’ont structuré depuis tout ce temps le rendent donc difficile à cerner. Aussi, et bien qu’il s’agisse d’un des 49 pays composant ma circonscription, sur lequel j’ai beaucoup appris depuis ma prise de fonction de députée, je ne prétends pas tout savoir ni tout connaître à son sujet. 

Ces dernières semaines, j’ai reçu de très nombreuses alertes et appels de Français, d’Afghans ou de Franco-afghans qui, pris de court par l’effondrement du gouvernement et l’avancée des Talibans, ont sollicité en urgence l’aide de la France et de notre poste diplomatique sur place. Pour toutes ces alertes que vous m’avez adressées, soyez assurés que je les ai bien transmises à l’équipe en charge au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, équipe que je tiens à saluer pour son travail remarquable.

D’autres m’ont également sollicitée afin de connaître ma position sur les évènements de ces dernières semaines. Ils m’ont exprimé leurs craintes, leur tristesse, parfois leur colère. Et ils s’interrogent, bien légitimement, sur la conduite que doit observer la France à l’égard du pouvoir taliban, un pouvoir en tout point opposé à nos valeurs, mais qui contrôle aujourd’hui la quasi-totalité du pays.

L’urgence : protéger ceux qui nous aide, aider ceux qui veulent être protégés 

La décision des Etats-Unis de retirer toutes ses troupes d’Afghanistan pour le 31 août 2021 n’était ni nouvelle, ni surprenante. D’abord, parce que l’administration Obama l’évoquait déjà au début des années 2010, avant que l’administration Trump n’amorce, à partir de 2019 à Doha, des négociations avec les Talibans pour en définir les contours. Ensuite, parce qu’elle s’appuie sur un double constat, auquel la France avait elle-même abouti au début des années 2010 : l’objectif principal des opérations, la lutte contre le réseau terroriste Al-Qaïda, avait permis d’en réduire considérablement l’influence ; mais la présence sur le sol afghan qui avait aussi pour objectif, même si ce n’était pas clairement posé, d’aider la population à s’émanciper des Talibans, menait à une impasse, conséquence malheureuse de mauvais choix effectués par la coalition lors de ses premiers mois d’intervention, de la corruption d’une partie de l’administration afghane, d’une absence de perspectives économiques et de conditions de sécurité qui n’ont cessé de se dégrader.

Il n’en demeure pas moins que l’avancée talibane rapide, et la désintégration de l’armée, du gouvernement et de l’administration afghane à l’approche de cette échéance, n’ont pas manqué de créer une situation chaotique, compliquant considérablement les dernières opérations pour nos équipes sur le terrain.

Depuis la fin de son engagement militaire en 2014, la France a procédé à l’évacuation et la protection de plus de 830 auxiliaires de l’armée française et de leurs familles, notamment dans la période qui a précédé la chute de Kaboul. Dans le cadre du droit d’asile, elle a également accordé l’asile à près de 8 000 demandes Afghanes et Afghans (89% des demandes ce qui en fait un des plus hauts taux de protection d’Europe).

Prenant acte de la date de retrait des troupes américaines, notre pays a engagé dès le mois de mai, malgré les critiques de plusieurs ONG, des opérations permettant l’évacuation d’Afghans ayant travaillé pour la France, ainsi que leurs familles, pour les protéger. Au total, 630 personnes ont ainsi pu être protégées par anticipation.

Puis dans les jours qui ont suivi la chute de Kaboul, nous sommes parvenus à évacuer dans des conditions particulièrement difficiles, 2 834 personnes, parmi lesquelles 142 Français, 17 Européens, et plus de 2 600 Afghans.

Ce travail titanesque n’aurait pas été possible sans la détermination infaillible de nos équipes diplomatiques, de notre ambassadeur sur place Monsieur David Martinon, ainsi que du Quai d’Orsay et des équipes du centre de crise et de soutien. Leur courage et leur engagement doivent être salués.

Cet effort, nous le devions à nos ressortissants, ainsi qu’à tous ces Afghans qui ont servi à nos côtés, et dont la vie est menacée. C’est le sens même de notre humanisme. C’était notre devoir. Nous devrons le poursuivre dans les mois à venir, condition sine qua none posée par le président de la République pour pouvoir ensuite discuter de l’avenir avec le nouveau régime.

Les conclusions à tirer… et les questions en suspens

Ce dernier épisode marque, symboliquement, la fin d’une guerre contre le terrorisme qui a débuté il y a près de 20 ans. Il permet de poser quelques constats, mais amène également son lot de questions.

S’agissant des constats, d’abord, et le plus évident d’entre eux : il est désormais clair que le « Nation building » à l’américaine, qui consiste à mettre en place un mode de gouvernance démocratique sans prendre en compte les spécificités du pays, ne fonctionne pas. Il est incapable d’exister dans la durée si ce projet n’est pas défini avec la population, en tenant compte de sa culture, de ses attentes, de ses spécificités et s’il ne s’attache pas à construire une économie, des infrastructures, une administration, une armée… en cohérence avec leurs moyens, leurs besoins et leurs capacités. Ce constat est d’autant plus criant quand, dans le cas de l’Afghanistan, près de deux trillions de dollars ont été investis pendant les vingt années que l’armée américaine occupa le pays.

De manière tout aussi évidente, les conditions d’évacuation de nos ambassades, de nos derniers ressortissants, ainsi que des Afghans qui le souhaitaient, démontrent plus que jamais combien le développement d’une véritable autonomie stratégique européenne est nécessaire. De ce point de vue, et malgré les anticipations dont nous avons fait preuve, force est de constater que les puissances européennes dans leur ensemble, ainsi que le Royaume-Uni, ont été tributaires de l’agenda et des décisions américaines. A ce sujet, il faut être très clair : « autonomie stratégique » n’est pas synonyme « d’action solitaire » ; il s’agit rien de moins que de disposer des moyens suffisants pour défendre nos intérêts.

Enfin, et plus largement, cette crise aura représenté un recul supplémentaire de la politique interventionniste des Etats-Unis, autrefois défendue par ses néoconservateurs, désormais de moins en moins nombreux. Cette mise en retrait du gendarme du monde constitue un changement de gravité pour les équilibres mondiaux, dont certains, comme la Russie et la Chine, souhaitent tirer profit pour gagner en influence. Mais si le « Nation building » qu’ils prônaient est une nouvelle fois mis en échec, la situation en mer de Chine du sud est plus que jamais sous le feu des projecteurs des américains et de la France aussi, à juste raison.

S’agissant des questions qui demeurent, sur le plan humanitaire, l’accueil des réfugiés Afghans et de nos compatriotes qui résidaient sur place ne s’arrête pas à la délivrance d’un visa, ou au contrôle sanitaire à l’arrivée sur le sol français. Plusieurs points mériteront des éclaircissements dans les prochains jours : comment sont-ils pris en charge ? Quelle aide, quel accompagnement leur seront fournis, à moyen terme ? Pour combien de temps ?  Quels sont les moyens qui seront mis en œuvre pour faciliter leur bonne insertion ? Nous parlons ici de quelques milliers de personnes, dans une économie dynamique qui se relance, des solutions doivent pouvoir être trouvées. De la même manière, les quelques milliers Afghans qui se trouvaient déjà sur le sol français, doivent voir leur demande d’asile aboutir et bénéficier du même accueil : nous savons déjà qu’ils ne pourront pas rentrer dans leur pays avant longtemps.

Sur le plan diplomatique, la question de notre relation future avec l’Afghanistan se pose forcément. A ce sujet, le Président de la République a été très clair, en conditionnant une éventuelle relation à quatre exigences : la liberté pour ceux qui voudraient partir d’Afghanistan de le faire, le respect des droits fondamentaux et en particulier le respect de la dignité des femmes afghanes, le renoncement au soutien à toute forme de terrorisme et le libre accès à l’aide humanitaire, conditions assorties du respect des négociations qui se poursuivent à Doha. Il conviendra donc d’être attentif aux choix qui seront fait par le pouvoir taliban dans ce domaine, alors même qu’il a appelé à plusieurs reprises nos ambassades à rouvrir à Kaboul. Hélas les nouvelles qui nous parviennent depuis le départ définitif des occidentaux sont très inquiétantes et illustrent qu’aucune parole n’est tenue.

En matière de politiques publiques enfin, le pilotage et le suivi de notre aide publique au développement doit nous inciter à faire preuve de la plus grande exigence en nous posant continuellement les bonnes questions : est-elle correctement utilisée ? Pour quels résultats concrets ? Des efforts conséquents ont été opérés sous cette XVème législature, avec l’adoption d’une loi de programmation, et l’augmentation de plus d’un milliard des crédits qui y sont dédiés. Ce pilotage devra donc appeler à un contrôle a posteriori de l’usage qui en sera fait, de manière à s’assurer de sa pleine effectivité, et qu’il profite bel et bien aux populations civiles. 

 

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