Dans un monde plus en plus chaotique, où la remise en cause du multilatéralisme mais également de la construction européenne sont de véritables menaces pour l’économie mondiale et notre sécurité, la Conférence des ambassadeurs et des ambassadrices a permis de faire le point et de donner un cap à notre action extérieure.
Les Français à l’étranger, un véritable atout pour notre pays
Dans son discours, le Président de la République a réaffirmé les objectifs prioritaires de la France à l’international : renforcer la sécurité des Français, protéger les biens communs, faire rayonner notre pays, accroître son attractivité et poursuivre le travail de refondation européenne. Pour réaliser ses objectifs, dès son introduction, Emmanuel Macon a demandé aux ambassadeurs d’associer pleinement les communautés françaises à l’étranger. « Elles sont une richesse, une force » a-t-il justifié. « Les Françaises et les Français de l’étranger sont un atout pour notre pays. Ils doivent participer pleinement de ce nouveau rayonnement de la France (…) c’est aussi pour cela que je veux aller au bout des simplifications attendues par nos concitoyens, en termes de démarches administratives et de vote en ligne ». Autant de préconisations qui sont dans le rapport que j’ai remis au Premier Ministre. Notre message qui consiste à faire changer de regard sur la mobilité internationale et les Français établis hors de France a été bien reçu.
Refonder l’ordre mondial
Dans un contexte marqué par des tensions internationales inédites, la montée des nationalismes, du protectionnisme et pour résumer des populismes en Europe et dans le monde, la France doit être vigilante et s’engager avec la plus grande opiniâtreté pour promouvoir le progrès. L’enjeu, c’est de repousser les menaces pour la paix mondiale. À ce titre, le Président de la République a annoncé la tenue du premier Forum de Paris sur la paix, le 11 novembre prochain dans le but de renforcer notre action collective en associant les États, les organisations internationales, et la société civile. Force est de constater que le système multilatéral du XXe siècle est fortement remis en cause par des acteurs majeurs et des puissances autoritaires qui fascinent parfois à travers le monde, y compris au sein des démocraties occidentales. C’est pourquoi Emmanuel Macron a appelé nos ambassadeurs à participer à « refonder l’ordre mondial ».
L’Europe face aux doutes
Le « combat européen ne fait que commencer. Il sera long, il sera difficile. Il sera au centre de l’action de la France tout au long du quinquennat ». L’un des grands objectifs de l’année 2019 sera de renforcer la solidarité en Europe en matière de sécurité. Les pays européens ne peuvent plus aujourd’hui s’en remettre aux États-Unis, de plus en plus isolationniste, pour assurer leur sécurité. L’Europe doit repenser ses alliances et garantir sa sécurité et donc la souveraineté européenne. Grâce à l’action de la France, nous avons fait d’important progrès en matière de défense : création d’un fonds de défense pour financer des initiatives concrètes, conclusion d’accords stratégiques avec l’Allemagne, initiative européenne d’intervention. C’est par la mise en œuvre de projets concrets et indispensables que nous ferons avancer l’idéal européen.
Trois impératifs : l’environnement, le commerce et l’Afrique
Si la situation en Syrie mais également au Sahel a largement été évoqué durant cette semaine, le Président de la République a mis en exergue 3 thématiques sur lesquels il souhaitait la mobilisation du Ministère des Affaires étrangères. Tout d’abord, la diplomatie environnementale car l’accord de Paris sur le climat doit continuer à être défendu, d’autant qu’il est remis en cause par plusieurs pays. Or le combat pour la planète est crucial. Dans ce contexte, l’adoption d’un nouveau pacte mondial pour l’environnement est une nécessité. La France prépare également activement les grandes échéances sur la biodiversité en 2019 et 2020. Le One Planet Summit qui s’est tenu pour la première fois à Paris en 2017 à l’initiative de notre pays, a permis d’adopter de nouveaux engagements financiers. Un nouveau sommet sera organisé le 26 septembre à New-York. Clarifier les règles du commerce international pour qu’elles soient plus équitables et plus opérantes, voilà un autre impératif auquel il faudra trouver des solutions en 2018. Il faudra aussi intégrer davantage d’exigences sociales et environnementales. L’unilatéralisme absolu et la guerre commerciale sont aussi inefficaces que dangereuses. Enfin, la France doit redevenir l’allié solide du continent africain pour réinventer conjointement de nouveaux équilibres et bâtir un avenir en commun.
Un budget à optimiser
De son côté, le Premier Ministre a présenté les nécessaires efforts de gestion pour le Ministère et sa volonté de donner plus d’autonomie aux ambassadeurs aussi bien sur le plan financier que sur celui des ressources humaines. D’ici 2022, les services du Quai d’Orsay seront réorganisés ainsi que les autres administrations à l’étranger avec un objectif de réduction de 10 % de la masse salariale. Cela représente une économie d’environ 110 millions € par an. Cet effort de réduction de la masse salariale portera sur environ 2000 équivalents temps plein, même si la réduction ne sera pas forcément aussi importante en termes d’effectifs. Le gouvernement entend en effet favoriser l’embauche de Français déjà expatriés.
Parallèlement et pour la deuxième année consécutive, le budget de notre coopération culturelle sera stabilisé en 2019. Et après une trop longue période d’affaiblissement, la politique de solidarité internationale de la France bénéficiera de moyens en augmentation pour atteindre 0,55% du revenu national brut en 2022 contre 0.43% aujourd’hui. C’est avec la plus grande attention que j’ai pris note de ces annonces. Je serai particulièrement attentive à ce que cet effort indispensable soit bien pris en compte dans le cadre de la loi de finances 2019. J’ai d’ailleurs été nommée par la commission des Affaires étrangères, rapporteuse pour avis pour les budgets 2019 de l’action de la France en Europe et dans le monde ainsi que Français à l’étranger et les affaires consulaires.
Un moment de rencontres et d’échanges
Cet évènement annuel est aussi pour moi l’occasion de rencontrer nos diplomates des 49 pays de notre circonscription, les ambassadeurs en poste mais également ceux qui prennent un nouveau poste. J’ai notamment eu des échanges riches et utiles avec les ambassadeurs ou futurs ambassadeurs des archipels de Fidji, Kiribati, Nauru, Tonga et Tuvalu, du Myanmar, du Sri Lanka, du Vietnam, de l’Azerbaïdjan et du Pakistan. En outre, j’ai également eu l’opportunité de m’entretenir avec le nouveau directeur du Centre de Crise et de Soutien du Quai d’Orsay. Cette conférence est donc un moment important qui me permet de faire le point aussi bien sur le cap politique impulsé par le Président et le Gouvernement pour notre action internationale et d’évoquer vos problèmes du quotidien avec les représentants des postes diplomatiques de notre vaste circonscription.