Revenus insuffisants, inflation, pression sur les marges, concurrence internationale, multiplication des normes mais également nécessaire transition écologique sont autant de facteurs qui plongent l’agriculture européenne dans une crise profonde.
Gabriel Attal consolide le dialogue avec les acteurs agricoles
Le mardi 13 février 2024, une réunion cruciale s’est déroulée à l’Hôtel de Matignon, sous la direction du Premier ministre. L’objectif était de discuter des avancées récentes dans le secteur agricole et de renforcer le dialogue avec les représentants de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes agriculteurs, en présence du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Lors de cette rencontre, le Premier ministre a réaffirmé sa méthode de travail, axée sur la réactivité, le dialogue et la transparence. Il s’est engagé à recevoir dès les premiers jours du mouvement l’ensemble des organisations représentatives, à maintenir un dialogue continu avec les organisations agricoles sur le terrain et à Matignon, et à adopter une approche transparente avec des mesures concrètes pour améliorer le quotidien des agriculteurs, tout en préservant et en promouvant l’agriculture nationale. Durant cette réunion, Gabriel Attal a souligné l’importance de mesures concrètes plusieurs et plusieurs actions tangibles ont été évoquées.
La politique du gouvernement en matière agricole met en lumière plusieurs axes majeurs pour l’avenir du secteur. Tout d’abord, la préservation de la souveraineté agricole et alimentaire est au cœur des préoccupations, avec une inscription dans la loi et l’établissement d’indicateurs clairs pour rendre compte de cette souveraineté devant le Parlement. L’agriculture, officiellement reconnue comme un intérêt général, sera promue sur l’ensemble du territoire par la mise en place de plans de souveraineté alimentaire qui seront développés pour chaque territoire ultramarin. Dans le même temps, il est question de mieux reconnaître le métier d’agriculteur, notamment en adoptant rapidement des mesures sur les troubles de voisinage et en continuant les discussions sur les retraites. La question de la rémunération des agriculteurs est également abordée, avec une volonté de respecter les lois en vigueur pour soutenir leurs revenus, notamment à travers des contrôles renforcés et des sanctions en cas de non-respect.
Pour redonner de la valeur à notre alimentation, des mesures concrètes sont envisagées, telles que la promotion du « manger français », une meilleure traçabilité des produits, et des sanctions plus sévères en cas de non-respect des normes.
En termes de rémunération, le respect des lois EGAlim est une priorité, avec un suivi rigoureux des négociations commerciales et des contrôles accrus sur les produits durables et de qualité. Dans la même visée, la compétitivité du secteur agricole est replacée au centre des préoccupations, avec une reconnaissance des métiers agricoles comme étant en tension et des mesures pour faciliter l’emploi saisonnier. En outre, des efforts sont faits pour protéger contre la concurrence déloyale, notamment en régulant le commerce international et en mettant en place des clauses de sauvegarde. L’un des maîtres-mots des initiatives gouvernementales semble être la « simplification ».
Pour simplifier la vie des agriculteurs, des mesures sectorielles sont proposées, notamment pour l’élevage, la viticulture et l’agriculture biologique. Des efforts sont également déployés pour simplifier les procédures administratives et législatives, tout en assurant la protection de l’environnement et la santé publique. Finalement, l’importance du renouvellement des générations en agriculture est soulignée, avec des mesures visant à favoriser la transmission des exploitations aux jeunes agriculteurs.
Ces annonces marquent un engagement fort du gouvernement en faveur de l’agriculture française, avec des initiatives ambitieuses pour assurer sa pérennité et sa compétitivité dans un contexte national et international complexe.
Dérogation sur les jachères et aménagement du projet sur les pesticides
Dans un contexte marqué par les bouleversements géopolitiques et les enjeux environnementaux, l’Union européenne a récemment pris des décisions cruciales – sous l’impulsion de la France – concernant sa politique agricole. Deux événements majeurs ont récemment marqué l’évolution de cette politique : l’obtention d’une dérogation sur les jachères et le retrait d’un projet législatif sur l’usage des pesticides.
Suite à une demande formulée par la France et soutenue par de nombreux États membres ainsi que des parlementaires européens, la Commission européenne a pris la décision de permettre aux États membres de déroger à l’obligation de maintenir des jachères sur les terres arables pour la campagne de la Politique Agricole Commune (PAC) de 2024. Cette décision intervient en réponse aux répercussions de la guerre en Ukraine, qui ont impacté les activités agricoles en Europe. La France plaidait depuis plusieurs mois en faveur d’une dérogation à l’application stricte de la Bonne Condition Agricole et Environnementale (BCAE 8), spécifiquement concernant la présence d’éléments favorables à la biodiversité dans les exploitations agricoles. Cette dérogation répond aux préoccupations exprimées par les agriculteurs français et européens concernant l’obligation de maintenir des terres en jachères, qui ont un impact significatif sur leurs activités.
Parallèlement à cette évolution, comme en écho à la suspension du plan Ecophyto en France, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a pris une décision importante en retirant un projet législatif visant à réduire l’usage des pesticides.
Ce projet, proposé en juin 2022 par Bruxelles, prévoyait des objectifs contraignants pour réduire de moitié d’ici 2030 l’utilisation des produits phytosanitaires chimiques dans l’UE par rapport à la période 2015-2017. Cependant, il a rencontré une forte opposition, notamment de la part des agriculteurs, et a été rejeté par le Parlement européen. Ursula von der Leyen a qualifié cette proposition devenue un « symbole de polarisation », exprimant ainsi le fossé entre les normes écologiques et les préoccupations des agriculteurs. Face à ce blocage et à l’absence de progrès au niveau des États membres, elle a déclaré son intention de retirer la proposition, soulignant la nécessité d’un dialogue plus approfondi et d’une approche différente pour progresser sur cette question sensible.
Ces deux événements marquent un tournant dans la politique agricole européenne et témoignent de l’importance accordée au dialogue entre les autorités européennes et les acteurs du secteur agricole. Alors que l’UE et le gouvernement français cherchent à répondre aux défis croissants liés au changement climatique et au conflit en Ukraine, ces décisions soulignent la nécessité de trouver des solutions consensuelles et réalistes pour assurer un avenir durable à l’agriculture européenne, tout en répondant aux attentes des consommateurs en matière de protection de l’environnement et de sécurité alimentaire.
@ L’image d’illustration de l’article a été générée par l’intelligence artificielle (Chat GPT 4)