Aujourd’hui, je voudrais vous présenter une Française établie au Cambodge dont j’avais déjà parlé sur les réseaux sociaux et qui consacre une partie de son temps à nous alerter sur les dangers du volontourisme: Chloé Sanguinetti.
Une expat en série
Née à Paris en Mars 1988, sa mère travaillait chez Air France. Depuis toute petite, elle voyageait déjà souvent. À ses 10 ans elle part avec sa famille qui s’expatrie à Londres. Puis à ses 18 ans, après un retour en France de quelques années, elle part de nouveau pour les Pays-Bas afin de commencer sa licence en Études Européennes à l’Université de La Haye.
Pendant sa deuxième année de licence elle part en Asie pour un stage à l’Université de Hong Kong. Elle décide de profiter de ce voyage pour faire du volontariat avec des « enfants des rues » (terme employé par l’association qui la reçoit). Durant ces quelques semaines passées au Vietnam, Chloé se sent inutile. Elle ne parle pas vietnamien et n’a aucune expérience dans l’enseignement, mais on lui demande de donner des cours. Elle réalise alors les absurdités du volontourisme.
Un tour du monde mouvementé
Après être rentrée en Europe et avoir validé sa licence, Chloé revient à Paris, pour suivre une première année Master en Relations Internationales à la Sorbonne, suivie d’un Master 2 en Action et Droit humanitaire à l’université d’Aix Marseille.
Elle veut alors faire carrière dans l’humanitaire. Mais avant d’entrer pleinement dans la vie professionnelle, elle décide de partir à l’aventure faire le tour du monde, caméra sur l’épaule, avec l’idée de produire en chemin un documentaire sur la protection de l’enfance.
Elle commence en Amérique du Sud, par la Colombie, puis descend jusqu’en Argentine (où elle se fait voler sa caméra lors d’un braquage à main armée). Elle poursuit son voyage en Australie où elle reste travailler plusieurs mois pour se racheter du matériel vidéo (et où elle rencontre l’amour), puis en Asie du Sud Est où elle part à la rencontre de volontaires, d’experts et de dirigeants d’ONG.
The Voluntourist
Durant son périple, elle croise beaucoup de volontaires internationaux, qui comme elle quand elle avait 18 ans, n’ont pas vraiment de compétences, peu de connaissances de la culture dans laquelle ils sont venus « aider » et ils ne sont pas qualifiés pour travailler avec des enfants.
Elle décide donc d’axer son documentaire sur ces volontaires. Une fois rentrée en Europe, elle s’installe à Londres où elle termine le film qui sortira en septembre 2015: The Voluntourist.
De ce film, elle ne compte tirer aucun bénéfice. Elle le diffuse en accès libre sur YouTube, ne pensant pas que ce dernier aurait un impact. Pourtant, il suscite de l’intérêt : basée à Londres au moment de sa sortie, elle est invitée à le projeter dans plusieurs universités, elle participe à des conférences et des ONG la contactent pour utiliser le film comme outil de formation et de sensibilisation. Elle travaille en même temps dans un groupe de recherche humanitaire à Londres.
Au bout de deux ans de vie à Londres, elle part avec son compagnon s’installer à Phnom Penh où elle vit toujours. Elle travaille aujourd’hui en freelance dans la communication et la production de vidéos. Ses clients sont principalement des ONG et des groupes de recherche basés au Cambodge ou en Europe.
Son combat continue
Aujourd’hui, elle continue de promouvoir le film et de faire de la sensibilisation autour du volontourisme. Un sujet la touche particulièrement, celui du volontariat en orphelinat et du commerce des faux orphelinats, problématique très présente au Cambodge.
Elle fait partie d’un réseau qui se bat contre ce problème, Rethink Orphanages, et anime des ateliers de protection de l’enfance pour les volontaires internationaux à Phnom Penh.
L’an dernier, lors d’un déplacement au Cambodge, j’ai rencontré Chloé avec qui j’ai discuté de la problématique du volontarisme et des solutions que nous pourrions mettre en place pour en éviter les dérives.
Au mois de juillet, j’ai invité Chloé à l’Assemblée Nationale où elle a présenté son film.
Elle est actuellement à la recherche de financements pour mener une recherche complète sur les dangers du volontourisme. Son objectif: cartographier et chiffrer cette problématique sur laquelle nous manquons de chiffres afin de proposer des recommandations concrètes au monde politique et à la société civile. N’hésitez pas à la contacter sur son site pour toute demande d’information.