Du 10 au 14 septembre, j’étais en Corée du Sud pour effectuer ma seconde visite de terrain. Comprendre le fonctionnement de notre communauté sur place, en appréhender les enjeux, saisir vos préoccupations sont les objectifs de mes déplacements.
Je tiens tout d’abord à remercier ici très chaleureusement Monsieur l’Ambassadeur Fabien Penone pour son accueil exceptionnel et la qualité des rendez-vous organisés. L’ensemble du personnel de l’Ambassade a été particulièrement efficace pour me permettre de comprendre la communauté française de Corée, son histoire, ses ambitions, ses atouts et ses défis.
Une situation géopolitique sous tension
Bien entendu, l’une de mes premières préoccupations était l’impact sur nos compatriotes de la tension avec le voisin nord-coréen. L’ambiance sur place est à la raison et la pondération : les Sud-Coréens et la communauté française, en lien étroit avec l’ambassade et notre ministère des affaires étrangères, poursuivent leurs activités sans inflexion aucune. Lors d’une réunion à laquelle j’ai pu participer à l’ambassade de France à Séoul pour une délégation de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, Monsieur l’Ambassadeur Fabien Penone avec plusieurs responsables européens civils et militaires en poste en Corée du sud ont exprimé vigilance et calme rassurant en décrivant une situation complexe assortie d’intérêts divergents entre l’ensemble des parties prenantes.
Un partenaire et une terre de conquête pour nos entreprises
L’accord de libre-échange signé en 2011 entre l’Union européenne et la Corée du Sud a clairement stimulé les relations commerciales entre nos deux pays. Deux cents entreprises françaises sont en Corée et elles représentent aujourd’hui plus de 24 000 emplois. Cette collaboration bilatérale doit être renforcée et j’ai noté qu’il serait souhaitable à cet égard que notre exécutif systématise une étape sud-coréenne lors de ses déplacements en Asie. De mes échanges avec les différents acteurs de la présence économique française à Séoul, je retiens que les entreprises françaises ont des opportunités en Corée et que ce pays est une excellente rampe de lancement pour entrer sur le marché asiatique. Conseillers du commerce extérieur, chambre de commerce (www.fkcci.com ), Business France et mission économique forment une équipe de France soudée et collaborative en pleine expansion ; nul doute qu’elle saura accompagner les projets de développement sur place. J’ai notamment rencontré : David-Pierre Jalicon, Président de la FKCCI, Thomas Conte, Conseiller du commerce extérieur et VP de la FKCCI, Philippe Li, VP de la FKCCI, Jean-César Lammert, Directeur du Bureau de Business France, ou encore, Michel Drobniak, Chef du service économique à l’ambassade. Pour les plus entreprenants, je signale l’existence d’un incubateur de start-ups, D-CAMP (www.dcamp.kr) qui est un modèle du genre, avec un environnement exceptionnel pour réussir ; j’ai eu le plaisir de le visiter et d’y rencontrer des entreprises aux projets originaux, étonnants, innovants et pour certains très prometteurs. Enfin, bonne surprise : la France est perçue en Corée comme un pays innovant et technologique. Le French Tech Hub de Séoul est là pour vous aider. À bon entendeur !
Nos réformes en cours : un appel à l’investissement
Il a aussi été question de la réforme du marché du travail en France lors de ce déplacement. La rigidité de notre système a pu être un frein à l’installation ou à l’investissement d’entreprises coréennes en France. J’ai donc pu évoquer avec plusieurs interlocuteurs coréens les réformes en cours, expliquer comment elles allaient donner de l’air aux chefs d’entreprises, et en quoi elles devaient rassurer les investisseurs. Le président coréen du groupe d’amitié parlementaire France – Corée, Monsieur Yang Seungjo, m’a fait l’honneur de me recevoir et m’a semblé réceptif à ces mesures prises par notre gouvernement. J’ai profité de cette rencontre pour lui présenter l’Opecst, office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Cette structure parlementaire très originale a pour mission d’éclairer le politique, gouvernement et législateur, sur les grands enjeux ou choix scientifiques. Le Président Yang a exprimé son intérêt pour un tel organisme ; nul doute que dans un pays hautement technologique comme la Corée, il y trouverait toute sa place et des échanges avec l’Opecst seraient de nature à renforcer nos liens bilatéraux. Mettre la lumière sur tout élément d’attractivité de notre pays fait aussi partie de ma mission. Et ce n’est pas fini !
Coopération scientifique : un enjeu économique
La vitalité du monde scientifique m’attirait particulièrement et j’ai ainsi rencontré plusieurs scientifiques passionnants. D’une façon générale, la Corée a essentiellement misé sur la recherche appliquée mais très peu sur la recherche fondamentale. Il y a donc là des perspectives de coopération France-Corée à développer, tous secteurs de recherche confondus. Un premier exemple se trouve à l’Institut Pasteur de Corée (IPK www.ip-korea.org) à qui j’ai pu rendre visite, accueillie par son président Monsieur Ryu Wang-Shick. Il est l’une des 33 branches internationales de la structure française. Ce centre de recherche fondamentale est spécialisé en recherche translationnelle en santé (recherche qui établit une passerelle entre recherche fondamentale et recherche clinique) appliquée aux maladies infectieuses (tuberculose, dengue, rage, chikungunya, leishmaniose et hépatites) avec pour objectif de découvrir une nouvelle classe pharmacologique pour mettre au point de nouveaux traitements. Unique au monde, cet organisme héberge également un incubateur de startups. J’essaierai d’aider l’IPK à gagner en reconnaissance en France et à renforcer sa coopération avec nos universités.
Sur cette même thématique de la science, j’ai eu la chance inouïe de rencontrer des femmes scientifiques coréennes et notamment l’ancienne ministre de l’environnement et parlementaire, Mme Kim Myung-Ja, actuellement présidente de la fédération coréenne des sociétés de Sciences et Technologie. Elle était accompagnée de Madame Na Doe Sun, professeur émérite de l’Université de Ulsan et de Madame Cho Sook-kyoung, directrice du Musée National des Sciences de Gwangju. On sait combien les femmes sont peu nombreuses dans le monde scientifique ; cela est vrai en France comme en Corée. Nous avons donc des points communs sur ce sujet, mais le défi est encore plus grand en Corée où la place de la femme dans la société est bien plus étroite. J’ai également échangé avec des acteurs du Club Santé, une organisation créée pour soutenir les entreprises du secteur de la santé. Là aussi, la France est riche de pépites technologiques qui peuvent trouver leur place sur ce marché coréen. En revanche, la pharmacie est une branche beaucoup plus difficile, toutes nationalités confondues, en raison de barrières tarifaires imposées par le gouvernement coréen qui limitent voire bloquent l’entrée sur le marché coréen de nouvelles molécules. Mais une chose est sûre, la Corée est un marché attractif pour les innovations en matière de santé. Et en santé comme dans tous les autres secteurs, la France et la Corée auraient tout à gagner à développer des coopérations scientifiques de haut niveau notamment en recherche fondamentale. Je n’hésiterai pas à partager cette analyse avec des présidents d’université en France chaque fois que j’en rencontrerai.
Une communauté française active et épanouie
Bien entendu, je suis aussi allée à la rencontre de la communauté française. Celle-ci est bien établie à Séoul et est riche de plusieurs associations qui répondent aux principaux besoins avec une grande complémentarité entre elles comme l’Association des Francophones de Corée et du Cercle Franco-Coréen. Par ailleurs, deux sujets ont attiré mon attention : la difficulté des « conjoints suiveurs » à retrouver une activité professionnelle. À cet égard, je salue l’excellente initiative de Marion Prêcheur avec l’association Aktives, un réseau de femmes pour s’entraider dans la recherche d’un emploi. Dans de nombreux pays asiatiques, les conjoints ont de grandes difficultés soit à obtenir un visa de travail, soit à trouver un poste souvent pour des raisons de langue : la non maîtrise de la langue coréenne est un véritable obstacle et on peut le comprendre. Le télétravail organisé sous la forme d’une présence en Corée pour des services délivrés en France serait une bonne option mais là aussi, il peut y avoir des difficultés à trouver la bonne structure juridique pour définir le cadre d’un tel travail nomade. C’est un sujet à faire avancer directement entre Etats. Je souhaiterais pouvoir faire avancer ce dossier au cours de mon mandat. Ce serait une réponse utile aux conjoints en Corée ou ailleurs. Je sais l’Estonie très en avance sur ce point. Elle pourrait peut-être être une source d’inspiration. Des problèmes liés à une protection sociale insuffisante pour certains retraités m’ont également été remontés. Il semble qu’il s’agisse d’un accord entre nos deux pays à revisiter et amender. Ce n’est pas directement de mon ressort mais je ne manquerai pas de partager les inquiétudes exprimées auprès des autorités compétentes.
Un nouveau directeur pour l’Institut Français
Une communauté épanouie, c’est souvent une communauté qui dispose d’un Institut Français entreprenant. Lors de ma visite, j’ai eu le plaisir de faire la connaissance de son nouveau directeur Jean-Christophe Fleury. J’ai particulièrement apprécié le « French cast », chaine vidéo hébergée par Naver sur laquelle la France est présentée dans toute sa diversité. C’est une belle initiative lancée avec le soutien du Comité des mécènes et partenaires de l’Année France-Corée 2015-2016.
Échanger avec les plus jeunes : un impératif !
L’enseignement français à l’étranger est l’une de mes grandes priorités. J’ai pu rendre visite à deux établissements scolaires de Seoul: le Lycée Français de Séoul et le Lycée International Xavier qui tous deux offrent une scolarité de la maternelle à la terminale. Le Lycée Français de Séoul est, lui, un établissement homologué AEFE qui du fait d’une croissance continue cherche à repousser ses murs. Pas facile à Séoul où le m² est rare et donc cher. Mais la détermination de l’ensemble de la communauté éducative a permis d’entreprendre un vaste chantier d’agrandissement qui est en cours. Ici, l’ingéniosité est de mise, il n’y aucune surface inutilisée, même le toit est une cour de récréation ! Malgré ces locaux contraints par leur taille et les travaux, les conditions d’apprentissage sont excellentes. Le Lycée International Xavier offre un cursus scolaire français mais a la grande particularité d’accueillir de nombreux jeunes Coréens que leurs parents préfèrent voir évoluer dans notre système scolaire parce qu’ils le jugent plus épanouissant. Je dois avouer éprouver de la surprise assortie d’une pointe de fierté devant un choix éducatif aussi fort. Et beaucoup d’admiration devant ces jeunes parfaits locuteurs francophones et totalement biculturels. Cet établissement est homologué jusqu’en CM2 et l’objectif est d’obtenir progressivement l’homologation pour les classes de collège et de lycée. Ici comme lors de chacun de mes déplacements, je vais à la rencontre d’élèves et leur consacre un temps d’échange et de dialogue pour leur présenter et leur expliquer le rôle et les missions d’un député ainsi que le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Ce rôle d’éducation civique est pour moi un impératif !
Valoriser la présence française en Corée, mobiliser le gouvernement et tous les acteurs économiques y compris en région autour des opportunités économiques à saisir en Corée, encourager des entreprises technologiques à explorer ce marché, soutenir les associations de la communauté française sont autant d’orientations que je retiens à l’issue de ce voyage.
«An-nyeong-hi gye-se-yo!» mais surtout restons-en contact.
[…] relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud sont excellentes. J’ai d’ailleurs pu m’en rendre compte lors de mon déplacement en septembre 2017. Les années croisées 2015-2016, à l’occasion du 130è anniversaire de nos relations […]