La deuxième étape de mon voyage en Inde, c’était Pondichéry. Fort d’un long passé commun, nous avons des liens indéfectibles avec ce territoire. Le Lycée, l’Alliance, l’Institut Français et même l’École Française d’Extrême Orient en sont autant de témoignages. Avec près de 250 000 habitants et une agglomération de 650 000 habitants, Pondichéry est la 187e ville d’Inde. Malheureusement, elle est un peu restée en marge du boom économique indien.
La visite de l’Institut français de Pondichéry, qui est une structure à vocation scientifique et de recherche en Indologie et Sciences sociales et Écologie d’Asie du sud et du sud-est, m’a permis de découvrir un très riche patrimoine matériel composé de milliers d’ouvrages anciens. La modernité n’est pas absente avec notamment le développement de logiciels de découverte des plantes par le jeu : un outil épatant pour tous, avec ou sans âme d’enfant! J’ai noté les grandes difficultés de financement rencontrées par cet établissement historique et il faut s’inquiéter du fait que les salaires proposés aux chercheurs indiens ne sont aujourd’hui plus du tout attractifs: quel avenir pour un institut de recherche sans chercheur?
Autre monument de la présence française à Pondichéry, son Alliance française. J’ai rencontré son influent Président M. Lalit Verma que je remercie pour la parfaite présentation de son association et ses 44 enseignants. Cette Alliance est un bel outil avec 2200 élèves par an et d’excellents résultats pour les primo-apprenants de niveau A1. Elle accueille 14 000 spectateurs grâce à une programmation alliant les arts de la scène, des concerts et le cinéma. Néanmoins, j’ai bien noté un besoin de moyens supplémentaires et j’ai conscience que nous ne manquerons pas d’avoir un débat plus large sur le rôle des Alliances Françaises et des moyens qui leur sont accordés.
J’ai également tenu une permanence pendant plus de deux heures et qui a connu une très forte affluence. À tel point que je n’ai pu recevoir toutes les personnes qui s’y sont présentées et je tiens à redire ici combien j’en suis navrée. J’ai été principalement sollicitée pour des problématiques de visas et par des associations en recherche de subventions. J’ai fait de belles rencontres parmi lesquelles une retraitée très dynamique et généreuse qui donne beaucoup de son temps et de son énergie à la communauté locale, la directrice d’une petite école Franco-Indienne de Karikal en quête de soutien pour développer son activité pédagogique et de livres pour enfants (si vous avez des livres à donner, merci de me contacter par email) ou encore un projet original et pertinent de création d’une maison de retraite.
Le samedi 11 novembre, journée d’hommage à la Première Guerre Mondiale et à tous les anciens combattants, fût un temps fort de cette visite. La cérémonie sobre et émouvante, marquée par une grande affluence du fait de l’importante communauté d’anciens militaires à Pondichéry, m’a vivement touchée. Les mots des uns, les gerbes de fleurs des autres et la communion de tous rappellent à chacun d’entre nous combien l’héritage nous oblige, combien la mémoire nous construit, combien le passé nous guide. La fille de Général et petite-fille d’engagé volontaire dans l’aviation française en 1917 que je suis y est particulièrement sensible.
Pour conclure cet évènement, Madame la Consule Catherine Suard avait réuni la communauté française à la Résidence de France. J’y ai fait la connaissance de nombreux acteurs de la présence française à Pondichéry et notamment de parents d’élèves et d’enseignants, de retraités venus chercher une douceur de vivre, de militaires retraités mais aussi d’entrepreneurs à l’origine d’un tissu de TPE souvent en lien avec le tourisme, secteur dynamisé par une politique locale ambitieuse développée autour du concept prometteur de Smart City.
La visite du lycée français de Pondichéry a été l’un des autres temps forts de ce séjour. J’y ai rencontré les parents d’élèves et la communauté éducative. Établissement en gestion directe de l’AEFE à Paris, le lycée qui accueille 80 % de boursiers rencontre plusieurs obstacles à son développement: manque de moyens, baisse des effectifs et interrogations sur les débouchés post-bac pour les élèves d’origine indienne (dont beaucoup ne peuvent poursuivre leurs études supérieures en France et pour lesquels le baccalauréat français n’offre aucune perspective en Inde). C’est aujourd’hui l’un des sujets prioritaires pour Pondichéry.
La dernière étape de mon séjour passait par Chennai et la visite du tout nouveau Bureau de France, qui réunit plusieurs acteurs clés dans un même lieu: Business France, Campus France, et une chancellerie détachée avec notamment un service de délivrance de visas. Cette initiative fait suite à la croissance de l’implantation d’entreprises françaises dans cette région et donc à la forte demande de visas économiques pour des ressortissants indiens. J’ai également pu rencontrer le directeur de l’Alliance Française Madras , Monsieur Pierre-Emmanuel Jacob. Cette association est un bel exemple de réussite autofinancée à 99 % avec 2700 étudiants dont 1600 diplômés chaque année du DELF et une programmation qui attire 12 000 spectateurs. J’ai bien noté que près de 500 000 Indiens apprennent le Français actuellement en Inde et qu’il existe un potentiel plus important. Nous avons évoqué le développement du programme FLAM qui me tient particulièrement à cœur et la possibilité d’organiser des rencontres régionales sur ce sujet afin de mettre en réseau tous les acteurs régionaux.
Je ne peux pas conclure ce compte rendu sans remercier une nouvelle fois, Madame la Consule Catherine Suard pour la qualité de ce déplacement sans oublier Monsieur le Conseiller consulaire Prédibane Siva avec qui j’ai eu de long échanges, mais également Madame la Conseillère consulaire Kanagabouchanam Selvam, Monsieur le Conseiller consulaire Balaramin Bichat, Monsieur le Proviseur du Lycée Stephan Madrias, Monsieur le Directeur de l’Institut Français de Pondichéry Jean-Pierre Muller. Et avant tout, j’adresse mes plus sincères remerciements à l’ensemble de la communauté de Pondichéry et de Chennai pour la chaleur de leur accueil et l’intérêt qu’ils ont porté à ma visite.