Située au cœur de l’Asie du Sud-Est, la Thaïlande traverse une période charnière, marquée par des défis économiques et politiques significatifs. Après la visite du président de la République en 2022, il était important de venir du 10 au 12 janvier à la rencontre des parlementaires thailandais pour renforcer la relation bilatérale, comme il était important de pouvoir échanger avec la communauté : élus des Français à l’étranger, associations, lycée français, Alliance française, sans oublier l’équipe diplomatique et consulaire.
Les points que je retiens de la situation en Thailande
L’économie thaïlandaise, ayant subi une récession importante principalement due à la pandémie de COVID-19, peine à rebondir comparativement à ses voisins. Cette situation est exacerbée par les répercussions de la crise énergétique, notamment l’approvisionnement en gaz provenant de Birmanie. Sur le plan démographique, un faible taux de natalité soulève des questions quant au renouvellement de la population, un facteur crucial pour l’avenir du pays et sa stabilité économique.
Malgré un contexte difficile, la Thaïlande est un acteur économique majeur dans la région, notamment grâce à ses exportations diversifiées incluant véhicules, machines-outils et produits agricoles. L’éventuelle production de véhicules électriques représenterait une évolution notable et porteuse pour les années à venir.
Dans ce contexte, la France se positionne comme le 12e investisseur avec des projets d’envergure comme celui d’Essilor, qui pourrait créer jusqu’à 6000 emplois.
Consciente de l’importance du rôle de la Thaïlande dans cette zone, j’ai eu l’opportunité de mettre en lumière les perspectives du pays aussi bien avec notre Ambassadeur et son équipe, des parlementaires thailandais ou encore la représentation de l’Union Européenne.
Situation de la communauté française en Thaïlande
Durant mon séjour, je me suis également concentrée sur les préoccupations de la communauté française. Celle-ci est en croissance constante, avec une communauté de 17 000 Français inscrits au registre consulaire.
Comme partout, l’éducation en français y est particulièrement importante. A cet égard, j’ai visité le Lycée Français International de Bangkok (LFIB)qui se distingue par une équipe expérimentée, des équipements tout à fait remarquables, une intégration réussie des enfants non francophones et une représentation positive de l’enseignement en français et de la culture française.
Lors de ce déplacement, la question de la Caisse des Français à l’étranger (CFE) a été largement abordée dans plusieurs réunions, y compris avec les Conseillers des Français de Thaïlande. Je ne manquerai pas de solliciter le nouveau gouvernement à ce sujet. La situation est complexe mais la qualité de service et le niveau des remboursements doivent rester compétitifs. Lors de la réunion publique que j’ai organisée, j’ai rappelé que je m’étais opposée au « dézonage » de la Thaïlande. Cette décision prise sans concertation est une réponse prise dans l’urgence face à une situation financière très dégradée. Mais les adhérents ne doivent pas être les victimes des erreurs de gestion de la CFE. Toutefois, il faut reconnaître que le modèle économique de la CFE, créée en 1978, est aujourd’hui remis en question par des changements profonds dans les profils des Français établis à l’étranger et la perte de contrats d’entreprises sur laquelle reposait la pérennité financière de la CFE.
J’ai noté également la forte demande de visas et les contraintes importantes liées au nombre de Français en voyages touristiques en Thaïlande. On estime leur nombre à environ 500 000. Ainsi, compte tenu des besoins pour la communauté et celui des touristes français, j’interrogerai le Ministère sur les besoins en personnel, voire la possibilité de disposer d’un Consulat général à Bangkok puisqu’en effet, la taille de la communauté en fait l’une des plus importantes d’Asie-Pacifique.
Actions de la France pour développer la relation bilatérale
Dans un monde marqué par des équilibres géopolitiques complexes, la France et la Thaïlande cherchent à renforcer ses liens. Durant ma visite, j’ai abordé divers domaines de coopération, notamment dans les secteurs de la défense, de la justice et de l’économie.
Sur le plan économique, la France soutient activement le développement d’entreprises françaises en Thaïlande, dans des secteurs clés tels que l’agriculture, la cosmétique et l’aéronautique. La présence de très nombreuses entreprises du CAC 40 et le volume des échanges bilatéraux soulignent la dynamique positive de cette relation.
La coopération judiciaire est également un axe important, avec des initiatives visant à former les juristes thaïlandais en France et à renforcer la coopération en matière de droits de l’enfant.
Sur la coopération, l’accord de janvier 2024 entre l’Agence Française de Développement et la Thailand International Cooperation Agency est une excellente mesure au service de la collaboration avec la Thaïlande. Celui-ci permettra à Expertise France d’intervenir dans des domaines comme la santé, la cybersécurité et la biodiversité. Ce partenariat s’inscrit dans un engagement commun pour relever des défis mondiaux, avec des projets en cours sur la qualité de l’air et la gestion des déchets marins.
En conclusion, ma visite a été l’occasion de mettre en avant les défis, les opportunités et les ambitions communes de la France et de la Thaïlande. Alors que la Thaïlande cherche à relever ses défis économiques et démographiques, la France se positionne comme un partenaire sérieux, prêt à soutenir et à collaborer dans divers domaines stratégiques.