C’est sous une tempête de neige spectaculaire que le président de la République effectuait sa première visite officielle au Kazakhstan, le 1er novembre 2023. Attendue de longue date, cette visite était prévue par l’Elysée depuis 2018. C’est désormais chose faite. Elle s’est poursuivie par une autre visite en Ouzbékistan.
Le Kazakhstan et la France : des relations fiables et durables
Solennité, gravité et faste ont été les maîtres-mots de la cérémonie au palais présidentiel, où la salle, gigantesque, au décor grandiose n’était pas sans me rappeler mon expérience en Chine. C’est là qu’Emmanuel Macron a été accueilli par son homologue kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, président depuis 2019, sur fond de chœur militaire.
La République du Kazakhstan peut se caractériser par bien des manières. Son vaste territoire, d’abord, puisque le Kazakhstan, ce n’est pas moins de cinq fois la France, pour moins d’un tiers de sa population. Mais également par son économie puisque bien qu’ayant souffert pendant la crise du Covid-19, le Kazakhstan a bénéficié d’une croissance vigoureuse (+5,4% au premier semestre 2023) pour se hisser au rang de première économie d’Asie centrale, notamment grâce à ses ressources en hydrocarbures.
Si l’économie du pays est d’abord dominée par les relations avec la Russie et la Chine, le Président ne cache pas son ambition de diversification. C’est d’ailleurs dès 2008 qu’un premier Traité de partenariat stratégique a été signé entre les pays de l’Union européenne et le Kazakhstan, avec pour objectif la dynamisation des échanges commerciaux. Comme le rappelle le Président Tokaïev dans un entretien accordé à L’Essentiel des relations internationales en mars 2021, « c’est la France, parmi tous les pays de l’Union européenne, qui a été la première à signer ce partenariat avec nous ». Ainsi, le Kazakhstan se place comme étant notre deuxième fournisseur de pétrole brut, tandis que le pays est un bon client pour nos avions, engins spatiaux, matériels ferroviaires et produits pharmaceutiques.
Forte de cette relation solide, la France dispose d’une ambassade à Astana, ainsi que d’un consulat général à Almaty, le principal centre commercial et culturel du pays. A cela, il faut également ajouter les quatre Alliances françaises implantées sur le territoire, ainsi que nos compatriotes français présents sur place, donc plus de trois cents sont enregistrés en 2022. Depuis des années, les relations bilatérales avec le Kazakhstan sont nourries, puisque depuis 2009, trois visites présidentielles ont eu lieu (dont deux à Paris), et pas moins de quatre visites ministérielles ont été organisées dans les domaines de l’économie et du commerce extérieur.
Soucieux de poursuivre leur collaboration, les deux pays ont établi une feuille de route de la coopération s’étalant de 2021 à 2030, définissant par la même occasion de nouveaux secteurs : transition énergétique, villes durables, agriculture, santé, ou encore transition numérique. Plus récemment, en 2023, les préoccupations liées au réchauffement climatique se sont accrues sous la pression du stress hydrique régional, conduisant à lancer, en 2023, un projet de coopération sur la gestion des ressources en eau dont le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) est l’opérateur principal.
Le Forum d’affaires France-Kazakhstan a été l’occasion pour les deux Chefs d’Etat de célébrer cette coopération et de réitérer leurs intérêts communs dans un discours d’ouverture, ainsi que dans des déclarations bilatérales dont les points forts comprennent notamment leur attachement indéfectible au droit international et aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies ainsi que leur volonté commune de contribuer au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité aux niveaux mondial et régional. Le changement climatique, la diversification économique, la coopération culturelle et la promotion des accords relatifs à l’enseignement supérieurs font partie des autres priorités mises en avant.
Le périple se poursuit en Ouzbékistan
Loin au sud des paysages enneigés du nord kazakh, nous avons repris l’avion en direction de Samarcande. Le ciel, clair et dégagé, présentait un contraste frappant avec la tempête qui nous avait accueillie plus tôt ce matin-là.
L’une des étapes plus marquantes aura été la découverte de la « cité éternelle ». Traduisant la volonté du pays de s’ouvrir au tourisme, ce complexe immense, clin d’œil à la gloire passée de la route de la Soie, présente des reconstitutions des rues dans lesquelles les hôtels de luxe côtoient les bâtiments typiques et les artisans qui les animent. C’est dans ce centre grandiose que nos hôtes nous ont offert dîner et intermèdes musicaux, à l’instar d’Astana.
Enclavé, le territoire de l’Ouzbékistan est plus petit que celui de la France, bien que sa population compte tout de même plus de trente-quatre millions d’habitants. Sur le plan économique, le pays est dominé par l’exploitation de matières premières ; tout comme son voisin, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan cherche à diversifier ses partenaires commerciaux (la Chine, le Kazakhstan et la Russie étant ses principaux fournisseurs, là où la France demeure au 18ème rang) en parallèle de la mise en place de réformes pour s’ouvrir davantage et vers plus de démocratie. Ainsi, des signaux montrent des avancées vers l’Etat de droit.
Entretenant de bonnes relations avec la France, cette dernière y possède, entre autres, une ambassade à Tachkent ainsi que trois Alliances françaises. 168 Français y sont inscrits au registre en 2022.
Il s’agit de continuer à nourrir cette relation bilatérale, qui comporte désormais trois visites présidentielles depuis 2018 (dont deux à Paris), qui marque une reprise d’une coopération dynamique, là où il n’y avait pas eu de visite de président français depuis 1994. Ainsi, au terme de cette visite, plusieurs accords économiques ont été signés, parmi lesquels le développement durable fait figure de proue.
S’appuyant sur la feuille de route économique 2020-2030, une liste des projets structurants prioritaires à lancer ou à poursuivre a été établie, y compris sous la forme de partenariats public-privé, dans les secteurs suivants : énergie et distribution d’électricité, exploration géologique, gestion des ressources en eau, transports, tourisme et aménagement des territoires de montagne, agriculture et industrie agroalimentaire, technologies innovantes et autres domaines intéressant les deux pays.
En matière de défense, la France a appuyé les efforts de l’Ouzbékistan en faveur de la paix, de la sécurité, du développement durable et des relations de bon voisinage en Asie centrale.