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Visite du Président Macron en Chine : au-delà des mots

18 April, 2023

Suite au déplacement du président de la République en Chine, je reviens sur les tenants et les aboutissants en particulier eu égard aux propos tenus sur Taiwan.

Aller en Chine à la rencontre de ses dirigeants et du Président Xi était un exercice nécessaire et difficile.

Nécessaire parce que ce n’est qu’en se rencontrant, en dialoguant, en s’écoutant, en découvrant un pan de la culture millénaire de la Chine, en abordant les sujets sensibles comme les conséquences mondiales de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, l’affaiblissement de la crédibilité de l’ONU et de son Conseil de sécurité, les grands enjeux climatiques, l’endettement des pays les plus vulnérables, le déséquilibre de nos échanges commerciaux, que l’on peut tenter de se comprendre, et sans doute, dans plusieurs
domaines, de cheminer ensemble, toujours avec lucidité et exigence.

Difficile parce que chaque prise de parole est scrutée, décortiquée, suscite de nombreuses questions, parfois de l’incompréhension. Ce déplacement n’a pas échappé à la règle à en lire les commentaires de parlementaires européens, de nos partenaires et alliés mais aussi de certains Français de ma circonscription. Commentaires qui font écho à la mise en garde de Michel Duclos dans La France dans le bouleversement du monde : « à vouloir laisser les Américains assumer seuls les éléments de confrontation avec la Chine en tentant de se positionner sur les seuls aspects positifs de la relation avec Pékin », nous risquerions de devenir les passagers clandestins de la relation sino américaine. Telle n’est certainement pas l’ambition française !

Puissances française et européenne

Une France grande puissance dans une Europe grande puissance elle-même, dont il avait défini le cadre, les objectifs et le chemin avec précision dans le discours de la Sorbonne de 2017. Cette Union Européenne puissance s’entendait selon lui souveraine, unie et démocratique. Et il n’a eu de cesse depuis de défendre ce modèle avec une détermination chevillée au corps, ardente, parfois fougueuse. Une Europe au sein de laquelle notre socle commun est d’avoir en partage et de défendre des valeurs démocratiques, sociales et humanistes. Une Europe qui maîtrise son destin et doit donc tout à la fois prendre la mesure de ses dépendances et choisir ses interdépendances. Une Europe qui pour être une
véritable puissance, pour être un allié crédible, pour être un partenaire fiable, construit pas à pas une culture stratégique commune pour aller vers une capacité d’action autonome autrement dit la fameuse « autonomie stratégique ». Le président MACRON savait déjà les obstacles à franchir pour y parvenir. Mais il tient à avancer sur cette voie et a précisé pourquoi devant la communauté française réunie à Pékin lors de son déplacement : ne pas être otage de la confrontation sino-américaine.

« Nous pouvons être aussi pris dans cette logique de bloc à bloc et ce qui veut dire que nous, Européens, si nous voulons que ce chemin soit possible, nous devons aller beaucoup plus loin sur celui de notre autonomie stratégique ». Pour autant, il ne faut pas comprendre de ses mots que nous ne serions pas alliés des États-Unis puisqu’il soulignait dans le même discours : « Ça ne veut pas dire qu’il y aurait une forme d’équidistance, ou un système d’équivalence qu’on mettrait entre les blocs l’un ou l’autre ».

Dans ce contexte, faire entendre à la Chine que la France porte une voix, toujours selon le Président, « que je ne me permettrai pas de qualifier de médiane mais d’ambitieuse et lucide », était un véritable défi.

Un défi d’autant plus grand que la sémantique des dirigeants chinois peut conduire à des incompréhensions.

Parler clair

Éviter tout malentendu impose donc de veiller à ne pas reprendre les expressions phares de la dialectique de la République populaire de Chine, de rappeler avec nos propres mots nos grands principes tels que notre attachement à l’unité européenne, à la préservation de la paix ou au maintien du statu quo dans le détroit de Taïwan.

A l’heure où l’Union européenne démontre qu’elle sait être forte et unie pour défendre sa souveraineté en mutualisant l’achat de vaccins, en s’endettant en commun, en mettant en place les outils de soutien financiers, humanitaires, logistiques à l’Ukraine agressée, en réduisant de manière drastique sa dépendance au pétrole et au gaz russes, de la même manière l’Europe doit pouvoir, avec fermeté et exigence de réciprocité, choisir ses interdépendances avec la Chine dans des filières non stratégiques pour in fine réduire ses dépendances et son déficit commercial sans jamais renoncer à sa promesse originelle de paix, de prospérité et de liberté.

Je suis convaincue que la France y prendra toute sa part. Et qu’au-delà des mots, ses alliés et partenaires pourront toujours compter sur elle. 

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