AGIR AVEC ANNE !

Mais comment ?

Cliquez ici
Actualité

Qui sont les nomades digitaux?

04 March, 2019

Il y a quelques temps, j’avais lancé sur les réseaux sociaux une enquête à l’attention des nomades digitaux. Il s’agit de personnes dont l’activité professionnelle est totalement dématérialisée, et qui peuvent ainsi se permettre de voyager pour différentes raisons, soit pour le plaisir, soit pour suivre un conjoint qui s’expatrie, soit pour chercher un cadre de vie qui correspond mieux à leurs aspirations. 
 

Pourquoi s’intéresser au nomadisme digital?

J’ai reçu 94 réponses à cette enquête, et d’autres contributions et suggestions. J’ai notamment reçu récemment Arnaud Castaignet, un Français parti travailler pour le gouvernement estonien et responsable de la question de la e-residency (ou résidence en ligne), un service destiné notamment aux nomades digitaux du monde entier à la recherche d’une solution totalement dématérialisée pour enregistrer et gérer une entreprise à distance. Merci à lui pour ces échanges.
 
94 contribution, c’est peu me direz-vous. Difficile à dire, tant il est difficile voir impossible de dénombrer les nomades digitaux français à travers le monde, puisqu’il n’existe aucun statut officiel pour ce type de pratique et que le plupart d’entre-eux sont si mobiles qu’ils ne sont enregistrés auprès d’aucune administration consulaire.
Mais ces 94 contributions permettent tout de même de tordre le cou à certaines idées reçues et de dessiner un profil type du nomade digital français et des problématiques qu’il rencontre. Car l’enjeu va bien au delà des nomades. Ils sont en quelques sorte des pionniers. Ils expérimentent à l’extrême deux variables: à la fois le fait de vivre à l’étranger et le fait de télétravailler au delà des frontières. 
 
Répondre aux besoins de dématérialisation et de simplification administrative des nomades digitaux, c’est également répondre à ces mêmes besoin pour les Français vivant à l’étranger, parfois dans des lieux isolés, parfois dans des situations administratives précaires.
Adapter le droit du travail et la fiscalité au nomadisme digital, c’est répondre au défi d’un marché du travail devenu mondial et difficile à contrôler. Des puissants GAFA aux employés sous-payés de fermes à clic en passant par nos nomades digitaux, nous devons repenser le travail et les règles qui l’accompagnent. 
 

Qui sont les nomades digitaux?

Ces 94 réponses m’ont permis d’établir un portrait type du nomade digital.
Il s’agit d’un milieu plutôt masculin, les trois quarts des répondants étant des hommes. Plus de la moitié d’entre eux vivent en couple et leur conjoint travaille la plupart du temps. La moyenne d’âge des répondants est de 36 ans. Seuls 14% d’entre-eux vivent avec des enfants.
 
La plupart sont chefs d’entreprise ou autoentrepreneurs et travaillent dans les secteurs de l’informatique, de la communication ou de la création.
Seuls 4% d’entre-eux disent travailler de manière non-déclarée. 
Les nomades digitaux ayant répondu sont majoritairement diplômés. Seuls 5% n’ont pas le bac et 68% ont au moins un niveau bac+5. Leurs revenus sont relativement élevés. Les trois quarts d’entre-eux ont des revenus supérieurs à 20.000 euros nets par an. Près de la moitié (43%) dépassent les 50.000 euros annuels.
Les deux zones géographiques les plus prisées par les nomades français sont de très loin l’Asie et l’Europe.
 

Les nomades digitaux sont-ils des évadés fiscaux?

Ces nomades profitent-ils de leur mobilité pour échapper à leurs obligations fiscales? Les résultats obtenus à l’enquête prouvent le contraire. Alors que 15% seulement des répondants passent plus de 6 mois par an en France, ils sont 59% à être résidents fiscaux dans l’Hexagone et 55% à y avoir basé administrativement leur activité professionnelle. Ne vivre nulle part ne veut pas dire ne payer ses impôts nulle part.
Néanmoins, le risque est grand, de voir certains nomades digitaux et par extension pour tous les professionnels dont l’activité est totalement dématérialisée quitter notre pays. A la question « Pour quelles raisons préfèreriez-vous ou avez-vous préféré monter une entreprise hors de France, la question fiscale arrive sans surprise en tête, suivie de la complexité administrative. 
 

Quels problèmes rencontrent les nomades digitaux?

Au delà de son manque d’attractivité fiscale, la lourdeur administrative de la France pose parfois problème aux nomades digitaux français dans leurs démarches du quotidien. En premier lieu vient la question du justificatif de domicile, relevée par 23% des répondants. Les administrations françaises en sont très gourmandes. Pourtant, seulement 24% des répondants affirment que l’adresse indiquée sur leur passeport (correspondant au justificatif de domicile apporté) est une adresse fixe à laquelle ils résident régulièrement. Pour la plupart des nomades, cette adresse correspond à un ancien logement ou un logement temporaire, à l’adresse de leurs parents, d’amis, accompagnée parfois d’une fausse déclaration d’hébergement.
 
Vient ensuite la question de la dématérialisation des procédures administratives et le contact avec les administrations basées en France, un problème rencontré également par de nombreux Français sédentaires installés durablement à l’étranger. Seuls 12% des répondants estiment avoir réussi à dématérialiser toutes leurs correspondances administratives. Un défi pour qui n’a ni adresse ni boite aux lettres…
 

Un statut pour les nomades digitaux?

A l’occasion d’une question ouverte, l’un des répondants m’a écrit ceci:
« Un statut de eRésident en France serait le bienvenu pour les nomades digitaux qui voyagent souvent mais souhaitent quand même déclarer leurs impôts en France (oui ça existe) ».
Et pourquoi pas? L’Estonie a été le premier pays à créer une résidence en ligne ouverte à toutes les nationalités. Sur les 10% de répondants à avoir souscrit à ce programme, aucun n’est devenu pour autant résident fiscal en Estonie. C’est bien la preuve que l’attractivité de ce dispositif est avant tout liée à la simplification des procédures et la reconnaissance par nos administration d’un droit à ne vivre nulle part. Et réussir à rendre nos administrations accessibles à des citoyens qui ne vivent nulle part, c’est nécessairement les rendre plus accessibles à ceux qui vivent loin.
0 0 votes
Article Rating

Partager cette publication :

Commentaire

Subscribe
Notify of
guest
2 Comments
Oldest
Newest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
trackback

[…] via Qui sont les nomades digitaux? – Anne Genetet […]

trackback

[…] connaissait les nomades digitaux ou technomades — jeunes, créatif.ve.s, freelances ou entrepreneur.se.s le plus souvent, qui travaillent de […]

Vous avez une minute ? Aidez-moi à vous aider !

Mobilisez-vous à mes côtés pour faire avancer à l’Assemblée nationale les sujets, les propositions qui vous tiennent à cœur. Peu importe votre disponibilité ou votre degré de motivation, vous trouverez une action pour m’aider.

1 minute

S'inscrire à ma newsletter

S’inscrire à ma
newsletter

2 minutes

Partager mon actualité sur les réseaux sociaux

Partager mon
actualité sur les
réseaux sociaux

10 minutes

Me faire part de votre idée ou de votre proposition pour les Français à l’étranger

Me faire part de votre idée ou
de votre proposition pour les
Français à l’étranger

Selon vos disponibilités ou vos envies

Me rejoindre comme volontaire

Me rejoindre comme
volontaire

2
0
Would love your thoughts, please comment.x
()
x
en_USEnglish