Les relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud sont excellentes. J’ai d’ailleurs pu m’en rendre compte lors de mon déplacement en septembre 2017. Les années croisées 2015-2016, à l’occasion du 130è anniversaire de nos relations bilatérales avaient été un formidable accélérateur pour un rapprochement entre nos deux pays. Ainsi, à l’invitation d’Emmanuel Macron, le président de la République de Corée a effectué du 13 au 16 octobre 2018 une visite d’État en France.
Un partenariat global franco-coréen pour le XXIe siècle
La construction de ce partenariat, c’est en substance le menu des discussions qui ont eu lieu entre les deux chefs d’État. Celui-ci doit reposer sur la base d’un attachement commun aux valeurs de la démocratie, à la défense des droits de l’Homme, à l’État de droit et au multilatéralisme. Il a également été décidé de renforcer le dialogue politique sur les grandes questions internationales, de développer les échanges économiques, notamment dans le secteur de l’innovation, d’encourager les échanges humains, dont les coopérations culturelles, éducatives, scientifiques, sportives, et d’approfondir la coopération diplomatique, de sécurité et de défense entre la France et la Corée du Sud.
L’épineuse question nord-coréenne
Lors de son déplacement en Europe, le président Moon s’est arrêté à Paris mais également à Rome et au Vatican. Son objectif était clairement affiché, il s’agissait de convaincre ses interlocuteurs européens d’être bienveillants à l’égard des efforts de dénucléarisation de son voisin nord-coréen. Il a fait part au président Macron de sa volonté d’assouplir voire de faire lever les sanctions économiques sévères votées depuis 2016 à l’ONU. Il est à noter que la France a rompu ses relations diplomatiques avec la Corée du Nord et ne dispose pas d’ambassade. Néanmoins, les deux chefs d’État sont convenus de poursuivre étroitement la coopération afin d’atteindre les objectifs de dénucléarisation et d’instauration d’une paix stable sur la péninsule coréenne par la voie pacifique. Le président Moon a exprimé des attentes élevées en ce qui concerne la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, dont il espère qu’elle jouera un rôle important dans la réalisation de ces objectifs.
Soutien commun en faveur du libre échange
Les deux chefs d’État ont affiché leur soutien sans réserve à un libre échange ouvert, multilatéral, fondé sur des règles, avec l’Organisation mondiale du commerce – comme lieu central des arbitrages internationaux. Cet ordre international fondé sur le respect du droit et le multilatéralisme doit être préservé et soutenu car il assure le bon fonctionnement de l’économie mondiale. Les deux pays continueront à promouvoir le renforcement de l’architecture financière internationale, notamment au sein du groupe de travail du G20 qu’ils président. Ils réaffirment leur volonté de promouvoir des pratiques de financement soutenable pour accompagner la croissance des pays en voie de développement. La France et la République de Corée sont convenues de renforcer leurs travaux sur les enjeux économiques et de société liés au développement des nouvelles technologies, notamment numériques.
Un partenaire économique majeur
La Corée du Sud, 11e économie mondiale et 5e exportateur, est pour la France un partenaire de tout premier plan en Asie, notre 4ème partenaire commercial dans la région et notre 5ème excédent global (8,4 Md € d’échanges en 2017, avec un excédent commercial en notre faveur depuis 2013, les échanges ayant bénéficié de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et la Corée entré en vigueur en 2011). Alors que la Corée est pays très dynamique en matière d’innovation et d’économie créative, elle souhaite renforcer ses coopérations industrielles et technologiques avec la France notamment vis-à-vis de nos start-ups et des technologies-clés du futur. De plus, nous avons plaidé pour un rééquilibrage des investissements (193 entreprises françaises emploient 25 000 personnes en Corée mais les investissements coréens en France sont encore modestes) et pour un meilleur accès de nos produits au marché coréen, notamment dans le secteur agro-alimentaire.
Répondre à l’urgence écologique
Comme à chaque rencontre avec un décideur international, Emmanuel Macron a tenu à aborder la question environnementale, en particulier la lutte contre le changement climatique. Autre point, la protection de la biodiversité a également fait l’objet de discussions. Les deux chefs d’État souhaitent un renforcement du cadre mondial de préservation de la biodiversité. Ils ont aussi rappelé leur volonté commune d’aller vers « un Pacte mondial pour l’Environnement ». Les deux pays ont décidé de soutenir les activités et les efforts du Global Green Growth Institute (GGGI) visant à promouvoir le développement durable des pays en voie de développement et des pays émergents, notamment en favorisant l’adoption de modèles de croissance verte. Ils se sont engagés à soutenir les efforts des collectivités territoriales en faveur du respect de l’environnement et la lutte contre le changement climatique.
Des échanges culturels d’une nouvelle ampleur
La Corée du Sud est un pays reconnu pour son excellence scientifique et elle est très attractive pour les organismes de recherche français. Parmi les belles réussites de cette coopération universitaire, citons l’Institut Pasteur de Corée et les trois laboratoires de recherche du CNRS qui y sont associés. En outre, des objectifs chiffrés d’échanges d’étudiants ont été annoncées : 3 000 étudiants français en Corée et 10 000 étudiants coréens en France d’ici 2020, contre 1088 étudiants français et 3160 étudiants coréens actuellement. Enfin, je salue la décision de la Corée d’avoir rejoint l’Organisation Internationale de la Francophonie en novembre 2016 en qualité d’observateur. À ce titre, elle est devenue le premier État d’Asie du nord-est à tisser des liens institutionnels avec la Francophonie. Le nombre d’apprenants de français en Corée est estimé à 40 000.
Il y existe donc de belles perspectives de développement entre nos deux pays et dans tous les domaines : de la diplomatie écologique à la recherche médicale en passant par l’essor de l’apprentissage du français.